Le fracas des armes s’est enfin tu. En Iran comme en Israël, les sirènes d’alerte ont cédé la place à un silence chargé d’incertitudes. Un cessez-le-feu, négocié sous l’égide de Washington, a été conclu in extremis. Mais derrière cette accalmie apparente, les médias du monde entier s’interrogent : cet accord précaire a-t-il les fondations nécessaires pour durer ?
À Québec, Le Devoir résume bien ce scepticisme ambiant : « Ce cessez-le-feu ficelé par les États-Unis a-t-il l’étoffe de ceux qui durent ? » Et le journal de souligner l’habileté du compromis, qui permet à chaque protagoniste – Washington, Tel-Aviv et Téhéran – de sauver la face. Aucun perdant officiel, pas de reddition humiliante, chacun peut revendiquer une forme de victoire.
Dans The New York Times, Ali Vaez, directeur iranien de l’International Crisis Group, explique cette équation diplomatique : « Les États-Unis peuvent dire qu’ils ont freiné l’avancée nucléaire iranienne. Israël peut se vanter d’avoir affaibli son principal ennemi régional. Et l’Iran peut clamer avoir survécu à l’assaut de puissances autrement plus armées. »
Une lecture qui conforte la thèse d’un cessez-le-feu de convenance plus que d’adhésion. Pour Libération, le doute est palpable : l’accord, ni signé, ni validé par une quelconque autorité internationale, n’offre aucune garantie réelle. « Pour que cet accord flou puisse tenir, il faut que chaque camp puisse en faire une victoire. Est-ce possible ? » Le quotidien pointe l’absence de certitude sur la pérennité de la désescalade, et redoute que le savoir-faire nucléaire accumulé par l’Iran, tout comme le ressentiment, alimentent les tensions à venir.
Le Figaro va plus loin : selon le journal parisien, cette paix improvisée ressemble à un tour de passe-passe diplomatique. « Le problème du nucléaire iranien est-il réglé ou simplement mis sous le tapis ? » La réponse reste en suspens. L’administration Trump jubile, mais ses méthodes expéditives ne garantissent rien sur le long terme.
The Washington Post, plus alarmiste, s’inquiète de l’après-conflit. La priorité ? Neutraliser les 400 kilos d’uranium enrichi à 60 % en possession de l’Iran. Un stock suffisant pour produire une bombe dite « sale » en quelques semaines. « Les États-Unis et Israël prétendent savoir où il se trouve. Il faut espérer qu’ils disent vrai », prévient le journal. Sinon, « la mèche de la bombe iranienne reste allumée ».
À Londres, The Guardian tempère l’enthousiasme. Si le cessez-le-feu est un soulagement, il n’est pas synonyme de sécurité durable. Le journal critique l’imprévisibilité de Donald Trump, principal architecte de l’accord : « Plus il parle, plus le risque grandit. Son style erratique ne fait qu’alimenter l’instabilité régionale. »
Une instabilité qui plane désormais sur le sommet de l’OTAN, ouvert ce mercredi à La Haye. Le Soir à Bruxelles note l’arrivée triomphale du président américain, qui compte bien capitaliser sur son coup diplomatique au Moyen-Orient pour faire pression sur ses alliés. Son obsession : pousser les membres de l’Alliance à porter leurs dépenses militaires à 5 % du PIB d’ici 2035.
Mais ce sommet s’annonce sous haute tension. La Repubblica évoque un dîner d’ouverture « glacial » où chacun redoutait une nouvelle sortie du président américain. Sur l’Ukraine aussi, Trump souffle le chaud et le froid : malgré un entretien prévu avec Volodymyr Zelenski, il rechigne à inclure une condamnation explicite de l’agression russe dans la déclaration finale.
À la lumière de ces multiples incertitudes, une chose semble certaine : si les armes se sont tues, les tensions, elles, n’ont pas disparu. La diplomatie américaine a peut-être marqué un point, mais la région reste assise sur un baril de poudre nucléaire. Et le monde, suspendu aux humeurs d’un président imprévisible, avance à tâtons dans une paix fragile.
Jamais un cessez-le-feu n’aura paru aussi nécessaire… et aussi précaire.
Article écrit par : Mariama Ba
Mis en ligne : 25/06/2025
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