L’ancien président gambien Yahya Jammeh, en exil en Guinée équatoriale depuis 2017, a récemment réaffirmé son attachement à sa patrie et sa volonté de rentrer au pays. Dans un message audio diffusé dernièrement, il a exprimé sa déception face à la défection de l’honorable Amie Colley, membre de son parti, l’APRC No Alliance, au profit du NPP du président Adama Barrow. Yahya Jammeh en a profité pour annoncer une fois de plus son intention de revenir en Gambie, avec la détermination de le faire de manière ouverte et sans peur.
Depuis le départ de Yahya Jammeh en 2017, la Gambie a connu une ouverture démocratique saluée par la communauté internationale, mais cette transition a également exposé certaines fragilités institutionnelles.
Le président Adama Barrow, bien qu’ayant été élu démocratiquement, a parfois été critiqué pour son manque de fermeté dans la gouvernance et pour des alliances politiques jugées opportunistes. Dans ce climat incertain, la figure de Jammeh continue de résonner fortement auprès d’une frange importante de la population, notamment dans les zones rurales et parmi les nostalgiques d’un État fort.
On ne peut nier que Yahya Jammeh a dirigé la Gambie pendant 22 ans. Si son régime a été entaché d’accusations de violations des droits de l’homme, il a également laissé un héritage infrastructurel et institutionnel que beaucoup reconnaissent encore aujourd’hui. Dans un environnement politique ouest-africain de plus en plus dominé par de jeunes dirigeants encore en apprentissage, l’expérience de Jammeh constitue un atout indéniable. Il connaît les rouages de l’administration publique, les besoins du peuple, et les mécanismes de l’ordre et de la stabilité.
Le retour de Yahya Jammeh pourrait aussi restructurer une opposition aujourd’hui morcelée et peu influente face à l’appareil du pouvoir actuel. Son charisme, sa base populaire fidèle et son discours ferme peuvent redynamiser le débat politique gambien. À l’instar d’autres figures politiques en exil qui ont su rebondir, comme Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire ou Alpha Condé en Guinée, Yahya Jammeh a encore une carte à jouer dans la vie politique de son pays.
Certes, le retour de Yahya Jammeh devra s’inscrire dans un processus clair de réconciliation nationale. Cela suppose un dialogue avec toutes les forces vives de la nation, y compris les victimes de son ancien régime. Mais tourner la page ne signifie pas effacer le passé : cela suppose aussi de reconnaître ce que Jammeh peut encore offrir à la Gambie en matière de stabilité, d’autorité et de vision.
Le retour de Yahya Jammeh ne doit pas être vu comme une menace, mais comme une opportunité de renforcer la maturité démocratique du pays. Laisser sa chance à un ancien dirigeant de contribuer à la scène politique, c’est aussi respecter la souveraineté populaire et les règles du jeu démocratique. À condition qu’il agisse dans le cadre légal, son retour pourrait combler le déficit de leadership actuel.
Yahya Jammeh demeure une figure incontournable de la politique gambienne. Son retour, loin d’être un retour en arrière, pourrait apporter une stabilité et une direction claires dans une période d’incertitudes. La Gambie, jeune démocratie encore en construction, gagnerait à intégrer l’expérience et la résilience de ses anciens dirigeants.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Daro Mbaye.
Mis en ligne : 25/06/2025
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