La Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID) du Sénégal vient de lancer une plateforme numérique permettant de déclarer les revenus locatifs. Officiellement, l’objectif est de simplifier les démarches et d’assurer une plus grande transparence fiscale. Officieusement, il s’agit d’une mesure punitive à l’égard des propriétaires, qui se voient désormais imposés à hauteur de 30%, sans compter la taxe foncière qui pourrait porter le total à 37%. Cette initiative risque de déclencher une spirale d’effets pervers sur le marché locatif sénégalais.
Le Sénégal fait face à une crise du logement persistante. À Dakar comme dans les grandes villes, la demande excède largement l’offre, les loyers flambent et les jeunes peinent à se loger décemment. Dans un tel contexte, pénaliser les bailleurs revient à fragiliser un pan entier du secteur immobilier, au lieu de chercher des solutions structurelles pour encourager la construction, l’investissement et la mise en location.
Imposer 30% des revenus locatifs, en plus d’une taxe foncière de 5 à 7%, c’est siphonner les maigres marges bénéficiaires des petits propriétaires. Car contrairement aux idées reçues, nombre d’entre eux n’ont qu’un ou deux logements à louer, souvent fruit d’une vie de labeur ou d’un héritage familial. Cette fiscalité confiscatoire ne distingue pas entre les gros investisseurs immobiliers et les ménages modestes tentant d’arrondir leurs fins de mois. En instaurant un seuil minimum imposable automatique, la DGID exclut toute forme de souplesse ou d’adaptation aux réalités du terrain.
Hausse prévisible des loyers : Pour compenser leurs pertes, les propriétaires n’auront qu’une seule option : répercuter cette pression fiscale sur les locataires. Dans un pays où plus de 60% des habitants sont en location, cela risque d’asphyxier davantage les classes moyennes et populaires.
Réduction de l’offre locative : Certains bailleurs, découragés, choisiront de retirer leurs biens du marché locatif. Cela aura pour conséquence directe une rareté accrue des logements disponibles, et donc une envolée encore plus forte des prix.
Économie informelle renforcée : Loin d’encourager la transparence, ce système pourrait pousser de nombreux propriétaires à éviter le circuit officiel, favorisant les transactions non déclarées et l’économie souterraine.
Des pays comme le Maroc ou la France ont déjà expérimenté des hausses de fiscalité sur les loyers. Résultat : flambée des loyers, tensions locatives, et parfois même gel de la construction. En France, face à la colère des bailleurs, l’État a dû revoir sa copie et proposer des dispositifs d’allégement fiscal pour ceux qui mettent leur bien sur le marché à des loyers modérés.
Taxer les loyers à hauteur de 37% dans un contexte aussi tendu relève d’une décision irresponsable. Elle démontre une déconnexion flagrante entre les technocrates de l’administration fiscale et les réalités vécues par les citoyens. Ce n’est pas en appauvrissant les bailleurs qu’on résoudra la crise du logement. C’est en encourageant l’investissement, en régulant les abus et en construisant massivement.
Le gouvernement doit revoir d’urgence cette politique fiscale. Il en va non seulement de la survie du secteur immobilier, mais aussi du droit au logement pour des millions de Sénégalais.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Cheikh Dieng.
Mis en ligne : 27/06/2025
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