Le 11 juin, le conseil des ministres du Mali a adopté un projet de loi octroyant un mandat de cinq ans renouvelable, sans élection, au général Assimi Goïta. Une décision lourde de conséquences, révélatrice d’un basculement autoritaire assumé. Derrière cette manœuvre légale se cache une trahison flagrante des principes démocratiques, et une confiscation du pouvoir par une junte qui avait pourtant promis de le remettre aux civils au plus tard en mars 2024. Ce reniement, maquillé sous couvert de « pacification du pays », constitue un coup de force contre le peuple malien et un affront direct à la démocratie malienne.
Depuis les coups d’État de 2020 et 2021, le Mali vit sous le contrôle étroit d’un régime militaire qui, au lieu de créer les conditions d’un retour à la démocratie malienne, s’y enfonce un peu plus chaque jour.
Le projet de loi adopté par le conseil des ministres, piloté par le général Goïta lui-même, propose de le maintenir à la présidence sans passer par les urnes. Pire encore, cette décision s’inscrit dans une logique de verrouillage institutionnel : la dissolution des partis politiques et la suspension de toute élection jusqu’à nouvel ordre enterrent toute perspective de vie démocratique.
L’argument sécuritaire, invoqué pour justifier ces décisions autoritaires, sonne comme un alibi usé. Oui, le Mali est confronté à des attaques djihadistes meurtrières et à des violences internes, comme en témoigne l’attaque récente du camp militaire de Boulikessi ayant fait au moins trente morts. Mais refuser aux citoyens le droit de voter ne renforcera ni la paix ni la stabilité. La gouvernance militaire n’a pas démontré une efficacité supérieure à celle des civils pour juguler l’insécurité, bien au contraire.
L’histoire récente regorge d’exemples similaires : en Guinée, la junte du colonel Mamadi Doumbouya a elle aussi prolongé son règne sans légitimité populaire ; au Tchad, Mahamat Idriss Déby a repris les rênes sans élection à la mort de son père, avec la bénédiction tacite de certaines puissances étrangères. Le Mali s’inscrit désormais dans cette spirale inquiétante, où l’uniforme militaire remplace les urnes, et où la volonté populaire est piétinée par des décrets imposés depuis le sommet.
Le silence imposé aux partis politiques est un signe clair : la junte ne tolère plus la contradiction. En dissolvant ces piliers de la vie démocratique, elle tue le débat, empêche l’alternance, et condamne le pays à une pensée unique. Ce sont les signes d’un régime autoritaire, non d’un gouvernement de transition.
La société civile, la diaspora malienne, les voix libres au sein du pays et la communauté internationale doivent dénoncer ce glissement totalitaire. La démocratie ne peut pas être reléguée au second plan sous prétexte de guerre. Au contraire, c’est dans les temps troublés qu’elle est la plus nécessaire.
Le général Goïta ne peut pas prétendre incarner l’avenir du Mali tout en muselant ses citoyens. En refusant aux Maliens le droit fondamental de choisir leurs dirigeants, il ne stabilise pas le pays, il le prend en otage. Le peuple malien mérite mieux qu’un régime sans mandat électoral. Il mérite une voix, une urne, et un avenir librement choisi.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Oumou Kalsoum.
Mis en ligne : 28/06/2025
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