Les mêmes erreurs, 40 ans après : La dette étrangle à nouveau le Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Economie | Par Eva | Publié le 02/07/2025 05:07:00

Les mêmes erreurs, 40 ans après : La dette étrangle à nouveau le Sénégal

Un rapport publié récemment par Barclays Plc indique une hausse alarmante de la dette publique sénégalaise, passée de 99,7 % du PIB en 2023 à 119 % en 2024, entraînant une baisse de la valeur des obligations souveraines sur les marchés internationaux. Face à cette situation préoccupante, le ministère des Finances a tenté de rassurer l’opinion publique en évoquant une « fluctuation liée à un rapport externe » et en promettant des audits. Cette fuite en avant budgétaire, malgré les promesses de transparence, ressemble dangereusement aux erreurs qui ont conduit le Sénégal dans les affres de l’ajustement structurel dans les années 80-90.

Durant les années 80, le Sénégal, alors dirigé par le président Abdou Diouf, a connu une crise économique profonde, marquée par un surendettement, un gel des recrutements dans la fonction publique, la privatisation des entreprises d’État, et la réduction drastique des dépenses sociales. Le pays avait alors dû se plier aux diktats du FMI et de la Banque mondiale dans le cadre de l’ajustement structurel, une thérapie de choc dont les effets ont laissé des traces durables sur le tissu économique et social.

Aujourd’hui, les signaux sont inquiétants. Le niveau d’endettement actuel dépasse les seuils de viabilité reconnus, et les obligations en dollars perdent en valeur. Le discours rassurant du gouvernement semble bien faible face aux données brutes.

Le gouvernement affirme avoir mandaté un cabinet international pour « fiabiliser les données ». Mais cette réaction ressemble davantage à une opération de communication qu’à une réponse structurelle. L’aveu implicite d’un misreporting, c’est-à-dire une présentation erronée des chiffres de la dette, est gravissime. Il témoigne d’un manque de rigueur dans la gestion budgétaire et soulève des interrogations sur la transparence réelle des comptes publics.

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En effet, les obligations sénégalaises ne chutent pas sans raison. Les marchés financiers réagissent à un climat de doute, nourri par l’absence de clarté, la dégradation continue des indicateurs économiques et l’incertitude politique.

Un surendettement structurel : La dette a franchi la barre des 100 %, signe que le Sénégal vit au-dessus de ses moyens. Les projets d’infrastructure, financés à coups de milliards empruntés, n’ont pas généré les rendements escomptés.

Perte de confiance des marchés : La baisse des obligations traduit une méfiance des investisseurs internationaux, essentielle à la stabilité macroéconomique.

Retour du FMI dans le débat public : Les discussions en cours avec le FMI rappellent tristement les injonctions passées, avec le risque d’un nouveau cycle de réformes douloureuses imposées de l’extérieur.

Déni de responsabilité politique : En pointant du doigt un rapport bancaire externe comme origine du problème, le gouvernement évite d’assumer la pleine responsabilité de la situation.

Ce scénario n’est pas sans rappeler celui des années 80. À l’époque, le pays avait été forcé de brader ses entreprises publiques, de comprimer les dépenses sociales et d’entrer dans une décennie de précarité sociale. Aujourd’hui, le cocktail est identique : dette galopante, pression extérieure, chute de confiance, discours officiel rassurant mais creux. Le cycle semble prêt à se répéter.

Le Sénégal se trouve à la croisée des chemins. Refuser de reconnaître la gravité de la situation financière actuelle reviendrait à revivre les douloureux épisodes des années d’austérité. Il ne suffit plus de publier des communiqués défensifs. Ce qu’il faut, c’est une rupture courageuse avec les logiques d’endettement insoutenable, un audit indépendant et public de la dette, et une mobilisation nationale pour redéfinir nos priorités économiques.

Le temps n’est plus aux euphémismes : exigeons la vérité des comptes et refusons le retour aux années noires.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Papa Sall.
Mis en ligne : 02/07/202
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Mboup
liguen niou digone liguen niou wakhone
Le 2025-07-02 17:10:36
Oumy
ca va empirer
Le 2025-07-02 08:20:49

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