Ousmane Sonko « out » : Diomaye Faye, le plan B imposé - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Emmanuel | Publié le 03/07/2025 12:07:15

Ousmane Sonko « out » : Diomaye Faye, le plan B imposé

Le 1er juillet, les chambres réunies de la Cour suprême ont rejeté la requête en rabat d’arrêt introduite par les avocats d’Ousmane Sonko, confirmant ainsi sa condamnation définitive dans l’affaire de diffamation contre Mame Mbaye Niang. Cette décision entérine l’inéligibilité de Ousmane Sonko jusqu’en 2029. Cette décision, tout en se parant des habits de la légalité, constitue une dérive politique préoccupante, révélatrice d’un verrouillage institutionnel orchestré pour éliminer un adversaire politique.

Depuis 2021, le bras de fer entre Ousmane Sonko et l’appareil judiciaire rythme la vie politique sénégalaise. Entre garde à vue, radiations et condamnations successives, le leader du Pastef a vu son capital de rupture se transformer en feuilleton procédural. Pendant ce temps, son « plan B », Bassirou Diomaye Faye, a conquis le palais, sans pour autant dissiper l’épée de Damoclès suspendue au-dessus du parti : comment gouverner en attendant le « vrai » champion ?

Le verdict de mardi cristallise trois faiblesses. D’abord, le juridisme défensif. Les avocats de Sonko brandissent sans cesse la partialité supposée des juges, mais accumulent les erreurs de procédure qui facilitent les rejets. Ensuite, l’hyper‑personnalisation. Le Pastef fonctionne toujours comme si Ousmane Sonko demeurait la seule figure légitime, reléguant Diomaye Faye au rôle d’intérimaire perpétuel. Enfin, l’usure émotionnelle : l’électorat sénégalais, confronté à l’inflation, à la crise éducative et au chômage, se lasse des joutes judiciaires à répétition.

Incertitude programmée : maintenir Ousmane Sonko au centre d’une équation électorale revient à planifier cinq années de brouillard. Un agenda de développement ne peut se piloter par procuration permanente.

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Au Brésil, Lula a pu revenir après l’annulation de ses procès; mais son parti avait entre‑temps consolidé un programme et fait émerger d’autres cadres. En Côte d’Ivoire, la dépendance à un seul homme (Gbagbo) a figé l’opposition pendant dix ans. Le Pastef semble n’avoir tiré aucune leçon de ces cas.

Risques pour Diomaye Faye, en restant « plan B » officiel, le président se condamne à l’intérim psychologique. Comment incarner l’autorité quand votre propre camp vous présente comme solution provisoire ?

Le rejet du rabat d’arrêt n’est qu’une étape ; il confirme surtout qu’un parti moderne ne peut se reposer sur la victimisation juridique de son fondateur. Si Ousmane Sonko demeure inéligible en 2029, le Pastef devra choisir : continuer le culte de la figure empêchée ou assumer une relève authentique. À force d’attendre le retour du « leader charismatique », on risque de laisser passer la transition économique et sociale dont le Sénégal a urgemment besoin.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ibrahima Diop.
Mis en ligne : 03/07/202
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