Alors que le Sahel reste en proie à l’instabilité, une nouvelle alerte vient noircir un peu plus le tableau sécuritaire déjà fragile de la région. Selon le média Afrik.com, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a lancé de graves accusations contre les populations de Kayes et Nioro au Mali. Dans des messages audios diffusés en peul et en bambara, les djihadistes accusent les habitants d’avoir collaboré avec l’armée malienne lors d’opérations récentes.
Les menaces sont explicites : blocage des axes routiers, exécutions sommaires de toute personne interceptée. Le message sème la terreur dans ces localités jusque-là relativement épargnées. Afrik.com alerte sur les risques d’isolement, de ruptures d’approvisionnement, de pressions psychologiques sur les populations, autant de défis supplémentaires pour un État malien déjà éprouvé.
Mais à Bamako, les autorités affichent une posture de fermeté. Le média Maliweb fait état d’une riposte musclée des Forces armées maliennes (FAMA) face à une offensive coordonnée visant sept localités. Bilan annoncé : plus de 80 assaillants neutralisés et de nombreux équipements saisis. Le gouvernement ne se contente pas de cette victoire tactique : il dénonce des attaques « sponsorisées par des États étrangers » visant à freiner la montée en puissance de l’Alliance des États du Sahel.
Dans ce contexte tendu, Choguel Maïga, ancien Premier ministre malien, monte au créneau. Dans un appel relayé par Bamada.net, il salue la bravoure de la jeunesse de Kayes et prône l’unité nationale face à la terreur. Pour lui, « face à l’adversité, c’est l’unité qui triomphe ». De son côté, le Sahel Tribune souligne « le professionnalisme et l’engagement remarquables » des FAMA, en publiant une image saisissante de soldats casqués, armes au poing.
À plusieurs centaines de kilomètres au sud, à Dakar, une autre forme de tension secoue le quartier de Cambérène, endeuillé par la mort de deux jeunes hommes par noyade, dans des circonstances que la population attribue à une bavure policière. Le site Dakar Actu, présent sur les lieux, dresse un tableau inquiétant : pneus calcinés, route bloquée, pavés encore fumants, rues désertées. Une atmosphère de fin du monde, décrite comme une « scène quasi irréelle ».
Le média s’interroge sur une possible coïncidence avec la prise de parole du président Bassirou Diomaye Faye, qui avait dénoncé récemment l’usage de la violence par les forces de l’ordre, allant jusqu’à évoquer l’utilisation abominable d’un homme comme bouclier humain.
Ce discours, semble-t-il, n’a pas éteint la colère, mais a canalisé l’émotion. Dakar Actu relève avec étonnement l’absence de pillages, signe d’une mobilisation empreinte d’un certain sens de la retenue. « L’honneur de la commune semble sauvegardé », note le site.
Mais c’est surtout une image choc qui a cristallisé l’indignation : celle d’un jeune homme au visage ensanglanté, assis au milieu des forces de l’ordre, érigé en bouclier humain. Devenue virale, cette photo a été largement relayée, notamment par Sénénews, qui y voit le symbole d’un climat devenu intenable dans certains quartiers populaires.
Interrogé par Sunugal 24, le jeune homme témoigne de son calvaire : il dit avoir été violemment battu puis exhibé pour dissuader les manifestants. Un acte choquant qui relance le débat sur les dérives sécuritaires et les méthodes des forces de l’ordre dans le pays.
Qu’il s’agisse des assauts djihadistes au Mali ou de la colère populaire au Sénégal, une chose est certaine : l’Afrique de l’Ouest vit une période de haute tension, entre attaques terroristes, crises de gouvernance et revendications sociales. Dans cet environnement fragile, l’équilibre entre sécurité, justice et dialogue apparaît plus crucial que jamais.
Article écrit par : Amadou Diop
Mis en ligne : 04/07/2025
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