Les séries télévisées sénégalaises rencontrent un franc succès sur les écrans et les plateformes numériques, séduisant un large public avide de divertissement. Mais derrière les intrigues captivantes de productions comme Maîtresse d’un homme marié, Fasséma ou encore Infidèles, se cache une réalité bien plus inquiétante : une dégradation méthodique et insidieuse des repères familiaux et moraux de notre société. Ces productions, loin d’être de simples œuvres de fiction, participent activement à la dislocation des valeurs traditionnelles sénégalaises, notamment celles autour du mariage, de la pudeur et du respect.
Au Sénégal, la télévision occupe une place centrale dans les foyers. Elle est bien plus qu’un loisir ; elle modèle les imaginaires, influence les comportements, surtout chez les jeunes. Alors que le pays tente de bâtir une société moderne ancrée dans ses valeurs culturelles et religieuses, les contenus audiovisuels diffusés quotidiennement entrent souvent en contradiction flagrante avec cet idéal.
Les publications Facebook, les contributions de cinéastes comme Moussa Sene Absa, et les réactions de nombreux citoyens révèlent un profond malaise. Les séries les plus populaires banalisent le divorce, tournent en dérision l’institution du mariage, et présentent la cellule familiale comme un espace toxique de trahison, de violence et de manipulation. Cette image déformée ne se limite pas à l’écran : elle imprègne les esprits, influence les choix, fragilise les relations dans la réalité.
Prenons Fasséma, où les conflits conjugaux, l’adultère et la quête de plaisir personnel dominent le récit. Dans Infidèles, on assiste à une sexualisation outrancière des personnages, à des scènes difficilement soutenables pour un public familial, et à une inversion totale des valeurs de retenue et de décence. Il ne s’agit plus d’alerter sur des réalités sociales, mais de les glorifier. Le résultat ? Une génération confuse, bercée par des modèles qui valorisent la tromperie, la vengeance et l’individualisme.
Influence directe sur les mentalités : Plusieurs études sociologiques l’ont démontré ailleurs – notamment au Nigeria ou en Afrique du Sud – la télévision modifie les perceptions sociales, particulièrement chez les jeunes. Lorsqu’on leur sert quotidiennement des scénarios où le divorce est monnaie courante et la fidélité ridiculisée, il est naïf de croire que cela reste sans conséquence.
Effacement des repères religieux et culturels : Des figures religieuses historiques sont caricaturées ou récupérées dans des rôles indécents, comme l’usage du nom « Mame Diarra » dans un contexte polémique. Cette instrumentalisation est ressentie comme un affront par de nombreux croyants.
L’absence de régulation efficace : Le CNRA, censé veiller à la décence des programmes, semble dépassé. Les séries les plus controversées sont souvent diffusées en ligne, sans contrôle d’âge ni modération de contenu, échappant aux normes classiques de diffusion.
Dans d’autres pays africains, des crises similaires ont été identifiées. Au Kenya, certaines séries jugées trop provocantes ont été suspendues après une mobilisation des autorités et de la société civile. En Égypte, une charte de diffusion encadre strictement les contenus jugés contraires aux valeurs familiales. Le Sénégal ne devrait-il pas suivre ces exemples ?
La télévision, comme le cinéma, peut éduquer, inspirer et élever. Mais lorsqu’elle devient un outil de destruction sociale, il est de notre devoir collectif de tirer la sonnette d’alarme. Ce n’est pas faire preuve de nostalgie passéiste que de vouloir protéger nos valeurs. C’est faire preuve de lucidité et de responsabilité.
L’État, le CNRA, les créateurs de contenu et les citoyens doivent impérativement s’unir pour repenser notre audiovisuel. Il faut encadrer, responsabiliser, et surtout promouvoir un modèle culturel qui élève au lieu de détruire.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 04/07/2025
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