Le 28 novembre dernier, Macky Sall, ancien président du Sénégal, créait « Semo Holding », une société établie à Guéliz, quartier huppé de Marrakech, spécialisée dans les services liés à l’environnement, à l’énergie et aux stratégies politiques. L’information est à la fois révélatrice et choquante. Elle illustre choix délibéré d’un ancien chef d’État de tourner le dos à son propre pays.
Après douze années à la tête de l’État, Macky Sall avait toutes les cartes en main pour devenir un artisan du développement sénégalais post-présidence. Lancer une entreprise ambitieuse, dotée d’un réseau international solide, aurait pu constituer un signal fort de patriotisme s’il l’avait fait au Sénégal. Hélas, il choisit de s’installer au Maroc, d’y injecter des ressources, d’y créer des emplois et d’y bâtir son avenir économique, ignorant les attentes d’un peuple qu’il prétendait servir.
Ce choix n’est pas anodin dans un pays où le chômage des jeunes reste endémique, où les PME peinent à respirer, et où l’État a régulièrement appelé au patriotisme économique. En décidant de fonder son entreprise à l’étranger, Macky Sall envoie un message glaçant : le Sénégal n’est pas un terreau fertile, pas même pour ceux qui en ont été les dirigeants. Quelle ironie, quand on sait qu’il a eu tous les moyens pour améliorer ce climat des affaires qu’il juge aujourd’hui insuffisant !
Mais au-delà du geste économique, c’est l’aspect moral et politique qui indigne. Peut-on réellement faire confiance à un homme d’affaires qui fuit son propre bilan ? Macky Sall laisse derrière lui un pays marqué par la répression, des morts lors de manifestations, des prisonniers politiques, et des accusations persistantes de détournements de fonds publics. Plutôt que d’assumer, il s’exile et se recycle. Ce comportement traduit un manque flagrant de sens des responsabilités et d’attachement à la nation.
Le contraste est saisissant avec le roi Mohammed VI, dont les investissements au Sénégal s’opèrent à travers des entreprises marocaines, dans une logique institutionnelle et diplomatique. Lui au moins agit dans le cadre d’une coopération respectueuse. Macky Sall, lui, agit pour lui-même, en son nom propre, comme si son passage au pouvoir n’avait été qu’un tremplin vers des affaires personnelles lucratives.
De nombreux anciens chefs d’État dans d’autres pays ont fait le choix d’investir dans leur patrie après leur mandat : Olusegun Obasanjo au Nigeria, Jerry Rawlings au Ghana, ou encore Joaquim Chissano au Mozambique. Leur engagement post-pouvoir est un modèle d’ancrage national. Macky Sall, à l’inverse, semble vouloir effacer toute trace de ses racines sénégalaises une fois les rideaux tombés.
Ce comportement n’est pas seulement regrettable, il est condamnable. Un ancien président a une responsabilité morale de contribuer au développement de son pays. En préférant le confort feutré de Marrakech aux réalités de Dakar, Macky Sall renonce à cette responsabilité. Il abandonne ceux qui l’ont porté au pouvoir et ferme la porte à toute forme de redevabilité.
Aujourd’hui, il faut exiger des comptes. Non seulement la justice sénégalaise doit être saisie pour les nombreux manquements et accusations non élucidées, mais l’opinion publique doit aussi rejeter cette fuite en avant. Il n’y a pas de grandeur dans l’abandon.
Le Sénégal mérite mieux que le silence, l’exil et l’indifférence. Il mérite justice, engagement, et loyauté.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Anta Sow.
Mis en ligne : 08/07/2025
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