Entre innovation et imitation : Le lancement de « Casamançaise Le Jus » - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Business | Par Eva | Publié le 03/07/2025 08:07:00

Entre innovation et imitation : Le lancement de « Casamançaise Le Jus »

La SODECA, à travers le lancement de sa nouvelle gamme de jus « Casamançaise Le Jus », entend s’imposer comme un acteur innovant dans l’agroalimentaire sénégalais. L’entreprise met en avant une production 100 % locale, un engagement RSE revendiqué, ainsi qu’un design attractif destiné à séduire le consommateur. Pourtant, derrière cette opération de communication bien huilée, l’impression persistante est celle d’une entreprise qui tente maladroitement de s’approprier les codes et les succès d’une autre : Kirène.

Il est difficile de ne pas voir dans ce lancement une tentative opportuniste de surfer sur la tendance du « made in Sénégal » dans le domaine des jus naturels. Si l’utilisation de fruits locaux est à saluer, elle n’est en rien une nouveauté. Depuis plus de deux décennies, Kirène s’est imposée comme le pionnier en matière de boissons naturelles, avec une véritable maîtrise des filières d’approvisionnement, une diversification constante de ses produits, et un souci de qualité rigoureux.

La SODECA semble ici rejouer une partition déjà écrite, en reprenant les éléments qui ont fait le succès de Kirène : une communication axée sur la naturalité, un ancrage territorial, et un habillage marketing séduisant. Seulement, il ne suffit pas d’imiter pour innover.

Il est frappant de constater à quel point la nouvelle gamme de la SODECA reprend les codes visuels et discursifs de son modèle. Le bouchon vert ? Une signature que l’on retrouve depuis longtemps sur les bouteilles de Kirène. Les saveurs proposées ? Une liste de classiques du marché (bissap, gingembre, ditakh, bouye, etc.), sans réelle proposition originale. Même le format des bouteilles (1 litre et 200 ml) semble calqué sur celui des références établies.

Le choix du nom « Casamançaise Le Jus » trahit également une certaine confusion stratégique : en s’appuyant excessivement sur une identité régionale, la marque risque de se limiter à une niche, sans réussir à conquérir véritablement le marché national. Ce branding accentue une opposition Casamance vs reste du Sénégal, là où Kirène a su créer un sentiment d’unité autour d’un produit national.

La communication autour de la SODECA insiste lourdement sur sa mission citoyenne et son impact local. On parle de 600 emplois créés, de 30 milliards injectés dans l’économie locale, de prix remportés en matière de RSE… mais ces chiffres et distinctions masquent mal le manque de transparence sur les conditions de production, la provenance réelle des fruits ou encore les procédés de transformation.

Par ailleurs, prétendre structurer la filière des fruits en Casamance est une ambition louable, mais qui reste encore très théorique. Là encore, Kirène a déjà montré la voie, en mettant en place des partenariats pérennes avec des producteurs, et des dispositifs de formation et de certification reconnus.

Face à Kirène, dont la croissance et la reconnaissance dépassent les frontières sénégalaises, la SODECA semble encore balbutiante. Là où Kirène a bâti sa réputation sur une constance dans la qualité, la rigueur industrielle et une capacité d’adaptation permanente, la SODECA mise surtout sur un discours séduisant, mais creux.

Prenons l’exemple du Maroc avec la marque Aïn Saïss, qui a su développer une gamme de jus nationaux avec de vraies innovations (emballages éco-responsables, gamme bio certifiée) et un accompagnement technique des coopératives agricoles. C’est cette cohérence entre discours et réalité qui manque cruellement à la SODECA.

Derrière le vernis d’une opération de lancement bien orchestrée, « Casamançaise Le Jus » révèle une stratégie de contrefaçon plutôt que d’innovation. La SODECA, en s’inspirant à outrance du modèle Kirène sans y apporter de véritable valeur ajoutée, court le risque de décrédibiliser sa propre marque. Le Sénégal n’a pas besoin de copies maladroites, mais de projets réellement novateurs, ancrés dans la réalité et porteurs d’une vision claire.

Cesser de s’autocongratuler sur des effets d’annonce : ce que le consommateur attend, c’est de la qualité, de l’authenticité et du respect de son intelligence. À la SODECA de montrer, enfin, qu’elle peut exister autrement qu’à l’ombre de Kirène.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 03/07/202
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