La peine de mort n’est pas la solution : Criminalité au Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 10/07/2025 12:07:00

La peine de mort n’est pas la solution : Criminalité au Sénégal

Face à la recrudescence des crimes violents au Sénégal, des voix s’élèvent pour réclamer le rétablissement de la peine de mort, abolie depuis 2004. L’Imam Diop, ainsi que de nombreux citoyens de la banlieue de Dakar, estiment que cette mesure dissuasive permettrait d’enrayer le fléau. Toutefois, malgré l’émotion légitime suscitée par ces meurtres. Le retour de la peine capitale serait non seulement inefficace, mais constituerait un dangereux recul moral et juridique.

La dernière exécution au Sénégal remonte à 1967. Depuis, seules deux personnes ont été exécutées en plus de 40 ans. L’abolition de la peine de mort a été formalisée en 2004. Pourtant, les faits divers récents, notamment le double meurtre à la Cité Technopole, ravivent les passions et relancent le débat. Dans un contexte d’insécurité perçue, le réflexe punitif semble séduisant. Mais la tentation de la peine capitale doit être examinée avec lucidité et rigueur.

Le cœur du débat repose sur la prétendue efficacité dissuasive de la peine de mort. L’Imam Diop avance que « si les gens savent qu’ils seront tués s’ils tuent, ils ne tueront plus ». Cette logique, aussi intuitive soit-elle, ne résiste pas à l’épreuve des faits. De nombreux pays qui appliquent la peine capitale, comme les États-Unis ou l’Arabie Saoudite, continuent de faire face à des taux de criminalité élevés. En revanche, des pays sans peine de mort, comme la Norvège ou le Portugal, enregistrent des niveaux de violence bien moindres. La corrélation entre châtiment ultime et baisse des crimes reste à démontrer.

Premièrement, la peine de mort est irréversible. En cas d’erreur judiciaire, la justice ne pourra jamais réparer le préjudice causé. Dans un système judiciaire sénégalais perfectible, ce risque n’est pas négligeable.

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Deuxièmement, elle est contraire aux droits fondamentaux. Le droit à la vie est sacré, protégé tant par les conventions internationales que par nos textes fondamentaux. Rétablir la peine capitale reviendrait à trahir ces engagements.

Troisièmement, elle ne répond pas aux racines profondes de la criminalité : pauvreté, chômage, déliquescence du lien social, défaillances du système éducatif et judiciaire. Ce sont ces maux qu’il faut attaquer à la racine, par des politiques publiques courageuses et inclusives.

Amnesty International recense 112 pays ayant aboli la peine de mort. L’Afrique subsaharienne, elle-même en pleine mutation démocratique, s’en détourne de plus en plus : seuls quatre pays l’ont appliquée en 2023. Le Sénégal ne peut raisonnablement choisir d’emprunter le chemin inverse.

Le Rwanda, malgré un passé tragique marqué par le génocide, ce pays a aboli la peine capitale en 2007. Depuis, le système judiciaire rwandais privilégie la réinsertion, la justice transitionnelle, et les peines exemplaires mais humaines. Le Sénégal, modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, doit s’inscrire dans cette même logique progressiste.

Oui, le Sénégal traverse une période difficile en matière de sécurité. Oui, les familles des victimes méritent justice. Mais non, la peine de mort n’est pas la solution. Elle ne dissuade pas, elle n’éduque pas, elle n’apaise pas. Elle perpétue la violence, au nom de la justice. Le vrai courage consiste à renforcer nos institutions, à éduquer nos jeunes, à rendre notre justice plus équitable. Rétablir la peine capitale, c’est céder à la peur. Résister, c’est construire un avenir plus humain.

Refusons la facilité. Rejetons la vengeance. Engageons-nous plutôt pour une justice forte, équitable et réformée. Pour un Sénégal plus juste, pas plus sanglant.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdou Sylla.
Mis en ligne : 10/07/202
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Lamine Dieng
moy solution bi nak kou ray niuo ray la point
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