Le 8 juillet marque deux mois de détention arbitraire pour El Bachir Thiam, jeune militant du parti dissous Yelema, enlevé par la Sécurité d’État malienne. Alors que d’autres activistes arrêtés en même temps que lui ont été libérés, lui demeure détenu dans un lieu inconnu, dans des conditions inquiétantes. Ce fait divers, en apparence isolé, révèle une dérive plus profonde : celle d’un régime de transition qui piétine les principes fondamentaux de la démocratie. Cette arrestation est inacceptable et signe d’un glissement autoritaire dangereux pour le Mali.
Depuis le coup d’État militaire de 2021, le Mali vit sous un régime de transition dirigé par les militaires. Alors que cette période devait ouvrir la voie à un retour à l’ordre constitutionnel, on assiste au contraire à une concentration accrue du pouvoir, à la répression des voix dissidentes et à une fragilisation de l’espace politique. L’arrestation d’El Bachir Thiam, et le silence assourdissant qui l’entoure, s’inscrit dans cette stratégie de musèlement systématique.
El Bachir Thiam n’est pas une figure politique majeure, mais c’est précisément ce qui rend son enlèvement si révélateur. Il symbolise cette jeunesse engagée, porteuse d’un renouveau démocratique, que le régime militaire semble vouloir éteindre dans l’œuf. Les raisons évoquées par ses proches, son refus du silence, son appartenance à Yelema, son origine de Kati, ne sont pas des délits, mais des marqueurs d’un engagement citoyen. Son maintien en détention, alors que ses compagnons d’infortune ont été relâchés, témoigne d’une volonté ciblée d’intimidation.
Le respect des droits fondamentaux n’est pas une option, même en période de transition. Détention sans jugement, disparition forcée, conditions inhumaines : rien ne justifie de tels traitements dans un État qui se réclame du peuple. Pire encore, l’opacité autour de sa détention renforce l’idée d’un pouvoir qui agit dans l’ombre, loin de toute reddition de comptes. Si le régime en place craint tant les voix critiques, c’est qu’il sait lui-même que sa légitimité s’effrite. La démocratie ne peut s’épanouir dans un climat de peur.
D’autres pays d’Afrique ont connu des transitions militaires, certains, comme le Burkina Faso ou le Tchad, expérimentent aussi des tensions entre impératifs sécuritaires et libertés fondamentales. Mais la leçon à retenir est claire : là où les militaires prolongent indéfiniment leur pouvoir en étouffant l’opposition, c’est la stabilité elle-même qui finit par vaciller. Le Mali n’échappera pas à cette règle si la situation persiste.
Le cas El Bachir Thiam n’est pas une simple bavure sécuritaire : il révèle une volonté politique de réprimer la pensée libre. Le régime malien doit comprendre que plus rien ne sera comme avant. Une jeunesse politisée, informée, connectée ne se laissera pas intimider indéfiniment. La démocratie est faite pour stabiliser un pays, pas pour le maintenir sous silence. À ceux qui gouvernent le Mali aujourd’hui, il faut rappeler : on ne construit pas la paix en emprisonnant ceux qui en défendent les fondements.
La société civile, les journalistes, les institutions régionales et les partenaires du Mali doivent se lever pour exiger la libération immédiate d’El Bachir Thiam. Le silence ne protège personne. Ce combat pour la dignité et la justice ne concerne pas seulement un homme, mais l’avenir d’un pays tout entier.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussa Diarra.
Mis en ligne : 11/07/2025
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