Ce mardi, lors d’une conférence de presse tenue par le groupe parlementaire Takku Wallu, le député Abdou Mbow a tenu à rétablir une vérité que l’actuelle majorité semble vouloir occulter. Revenant sur le projet de modernisation de l’Assemblée nationale, il a clairement affirmé que le mérite de ce chantier ambitieux ne revient pas au régime actuel. Selon lui, ce projet a été lancé en 2021 sous la présidence de Moustapha Niasse, bien avant l’alternance politique de 2024, avec un financement intégral de 6 millions de dollars provenant de la coopération sud-coréenne.
Il est regrettable que le nouveau régime tente de s’approprier des projets initiés par leurs prédécesseurs sans rendre à César ce qui lui revient. Ce manque de transparence nuit à la crédibilité des institutions et sape la confiance du public envers les responsables politiques.
Le projet de modernisation de l’Assemblée nationale, incluant notamment l’installation du vote électronique et l’amélioration des outils de communication parlementaire, n’est donc pas une innovation du nouveau pouvoir. Abdou Mbow, alors en charge du comité de supervision, rappelle que la quasi-totalité des travaux étaient déjà achevés avant la fin de la 14e législature. Or, à entendre les discours récents, certains membres de l’actuelle majorité cherchent à faire croire que cette transformation est l’un des fruits de leur gouvernance naissante.
Cette réécriture des faits n’est pas seulement malhonnête, elle traduit une volonté délibérée de brouiller les repères historiques à des fins de communication politique. En démocratie, la mémoire des institutions ne devrait pas être malléable au gré des intérêts partisans.
Ce comportement n’est pas nouveau dans le paysage politique sénégalais, ni d’ailleurs dans celui d’autres pays africains ou occidentaux. On se souvient de cas similaires au Bénin ou en Côte d’Ivoire, où des projets lancés par un gouvernement sortant ont été “réinaugurés” par le suivant, sans mention du travail initial accompli. En France également, des politiques publiques préparées pendant des années sont souvent finalisées par d’autres gouvernements, au prix de querelles d’héritage.
Mais cela ne saurait justifier l’opacité. En politique, la continuité de l’État est une nécessité, mais elle ne doit pas se faire dans le déni de l’histoire. Reconnaître l’origine d’un projet ne diminue en rien le mérite de ceux qui en assurent la continuité. Bien au contraire, cela traduit une maturité démocratique et une culture de gestion honnête des affaires publiques.
En s’attribuant indûment le projet de modernisation de l’Assemblée nationale, le régime actuel manque une occasion précieuse de marquer une rupture avec les pratiques politiciennes souvent décriées par les citoyens. Le peuple sénégalais attend des dirigeants honnêtes, capables d’assumer la continuité sans falsifier l’origine des initiatives. La transparence dans la communication gouvernementale n’est pas un luxe, mais un impératif démocratique.
En fin de compte, ce que révèle la sortie d’Abdou Mbow, c’est un malaise plus profond dans la manière dont le nouveau régime communique avec le peuple. À vouloir s’accaparer des réalisations qu’ils n’ont ni conçues ni financées, les tenants du pouvoir s’exposent à une perte de confiance durable. Il faut que le discours politique fasse preuve d’honnêteté. L’héritage républicain ne se piétine pas, il se respecte. Et le peuple sénégalais mérite mieux que des effets d’annonce sans vérité historique.
Exigeons des dirigeants une rigueur morale à la hauteur de leurs fonctions. Que cesse la récupération politique et que commence une ère de vérité, de respect et de transparence.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Seydina Diallo.
Mis en ligne : 08/07/2025
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