L’ancien ministre du Commerce et ancien porte-parole du gouvernement Macky Sall, Abdou Karim Fofana, a brisé un long silence quasi d’un an pour s’adresser, via une intervention récente, au président Bassirou Diomaye Faye et au leader de l’opposition Ousmane Sonko. Dans son message, il dénonce une prétendue tentative de bâillonner les acteurs de la démocratie sénégalaise, tout en exprimant son soutien à plusieurs journalistes et acteurs politiques récemment arrêtés. À première vue, cette prise de parole semble défendre la liberté d’expression et la démocratie.
Cependant, c’est précisément cette posture qui soulève de fortes interrogations. Pourquoi cet engagement soudain, après une longue période d’inaction ? Cette sortie est avant tout une manœuvre politique opportuniste, dénuée d’une réelle sincérité ou d’un engagement profond envers les préoccupations des Sénégalais.
Abdou Karim Fofana a été un acteur clé du régime précédent, lui-même appartenant au parti au pouvoir durant des années. Pourtant, lorsqu’éclataient les problèmes persistants qui minent la société sénégalaise, hausse des prix, chômage endémique, tension sociale, il est resté pratiquement silencieux. Son absence remarquée lors des périodes les plus difficiles interroge sur la sincérité de son engagement actuel. Ce n’est qu’après le changement de gouvernement, et dans une période où la popularité politique est en jeu, qu’il décide de reprendre la parole.
Cette latence démesurée révèle un opportunisme politique manifeste. Il est facile, à posteriori, de s’indigner et de critiquer un gouvernement quand on a soi-même été complice par son silence. Cette posture donne l’impression d’un jeu d’acteur, d’une tentative de relancer une carrière ou de se repositionner dans le paysage politique, au détriment des véritables intérêts du peuple sénégalais. Les citoyens, qui ont longtemps souffert sans voir leurs voix portées par leurs représentants, ne sont pas dupes. Ils gardent en mémoire ceux qui les ont abandonnés dans leurs moments de détresse.
Par ailleurs, l’argument avancé par Abdou Karim Fofana selon lequel la pluralité des opinions ne serait pas remise en cause est déconnecté de la réalité que vivent de nombreux Sénégalais. Les arrestations de journalistes et d’opposants politiques dénoncés dans son message sont certes inquiétantes, mais elles ne sont que la partie visible d’un malaise plus profond. Ce n’est pas en brandissant de vagues soutiens que l’on répare une confiance fragilisée. Il est essentiel de reconnaître que les problèmes économiques et sociaux ne sont pas nouveaux, ils sont les fruits d’années de gouvernance souvent critiquée pour son manque d’écoute et d’efficacité.
En comparant cette situation avec d’autres contextes africains, on remarque que les véritables voix démocratiques et patriotiques ne s’expriment pas uniquement quand les vents politiques changent, mais restent constantes, même dans l’adversité. Par exemple, au Kenya ou au Ghana, les leaders qui portent un vrai combat pour la démocratie s’engagent continuellement, pas seulement à des moments opportuns.
Cette intervention d’Abdou Karim Fofana, après un silence prolongé, ne doit pas être perçue comme un acte de bravoure démocratique mais plutôt comme un geste calculé et tardif, dicté par des intérêts politiques personnels. Le peuple sénégalais mérite mieux que des critiques opportunistes et un activisme sélectif. Avant de vouloir donner des leçons, M. Fofana devrait assumer son absence passée. La véritable vigilance politique ne se manifeste pas seulement quand il est facile de critiquer, mais tout au long des épreuves. Pour que le Sénégal avance, il faut des acteurs constants et sincères, pas des voix intermittentes qui ne surgissent que lorsque le vent tourne.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ngor Dieng.
Mis en ligne : 14/07/2025
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