Le rêve s’est évanoui. Akon City, cette ville futuriste imaginée par le chanteur Akon, ne verra jamais le jour. Présenté en grande pompe comme un projet emblématique du renouveau africain, cette cité high-tech de 6 milliards de dollars devait sortir de terre au Sénégal dès 2023. Or, en ce mois de juillet 2025, tout ce qu’on peut observer à Mbodiène, à 80 kilomètres de Dakar, ce sont quelques constructions dérisoires : un terrain de basket, une maison de la jeunesse, un modeste centre d’information.
En lieu et place de la Silicon Valley africaine, un vaste terrain vide. Le projet est officiellement abandonné, les autorités ayant repris les terres pour un « projet plus réaliste ». Et c’est tant mieux.
Dès son annonce en 2018, Akon City sentait l’enflure médiatique. Ville 100 % verte, fonctionnement via cryptomonnaie, gratte-ciels, université, hôpital de pointe, zone industrielle, tout cela dans un petit village côtier sans infrastructure de base. À l’époque, beaucoup s’en sont enthousiasmés, espérant voir enfin une Afrique qui ose rêver grand. Mais rêver grand n’a de sens que si l’on se donne les moyens de planifier sérieusement.
Or, Akon City n’était ni planifiée de façon réaliste, ni financée de manière crédible. On ne construit pas une ville de 6 milliards de dollars avec des promesses vagues et des conférences de presse.
Le fiasco d’Akon City n’est pas un cas isolé. Il illustre un mal chronique : la multiplication de mégaprojets faramineux, annoncés avec fracas mais abandonnés une fois l’effet d’annonce dissipé. Du Lac Rose Smart City au Sénégal, à Hope City au Ghana, en passant par les ambitions lunaires de Konza Technopolis au Kenya, les exemples pullulent. Tous vendus comme des symboles de la « nouvelle Afrique » et tous, ou presque, tombés dans l’oubli.
Pourquoi échouent-ils ? La réponse est simple : manque de rigueur, corruption, absence d’études préalables sérieuses, appétit politique pour les coups d’éclat médiatiques… et surtout, déconnexion totale avec les besoins urgents des populations.
L’abandon du projet intervient dans un contexte préoccupant : le Sénégal fait face à une crise de la dette d’une ampleur inquiétante. Des prêts non déclarés sous l’ère Macky Sall, près de 7 milliards de dollars, ont détérioré la crédibilité du pays auprès des bailleurs internationaux. Même le FMI a suspendu un financement de 1,8 milliard. Ce n’est donc pas le moment pour des illusions chiffrées en milliards, mais pour une gouvernance rigoureuse et ancrée dans le réel.
L’Afrique n’a pas besoin de projets de science-fiction pour briller. Elle a besoin d’infrastructures solides, de services de santé fonctionnels, d’écoles dignes, d’un système fiscal clair et d’un climat des affaires transparent. Les fonds engloutis dans des projets mirages pourraient, s’ils étaient réorientés, avoir un impact durable dans les zones rurales, l’éducation ou l’agriculture.
Akon City restera dans l’histoire comme un mirage coûteux, une utopie mal conçue. Le Sénégal a bien fait de tourner la page. Mais cet échec doit servir de leçon à tous les dirigeants africains : l’heure n’est plus aux fantasmes d’ego, mais à la construction patiente, réaliste et inclusive de nos territoires.
Aux citoyens, aux journalistes, aux élus : exigeons des projets sensés, non des illusions. Refusons l’enfumage pour mieux reconstruire sur des bases solides.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 15/07/2025
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