Guerre sans fin au Mali : Un pays otage de ses choix militaires - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 18/07/2025 02:07:15

Guerre sans fin au Mali : Un pays otage de ses choix militaires

Le 14 juillet 2025, de violents affrontements ont opposé l’armée malienne, appuyée par les paramilitaires russes d’Africa Corps, aux rebelles indépendantistes du Front de Libération de l’Azawad (FLA), entre Kidal et Anefis. Ce énième épisode de violence dans le nord du Mali illustre une vérité que le pouvoir central refuse d’admettre : les solutions militaires, déployées sans discernement depuis plus d’une décennie, n’apportent ni paix, ni stabilité. Au contraire, elles nourrissent un cycle infernal de conflits, d’occupations et de représailles.

Depuis la crise de 2012, le Mali n’a connu qu’une succession d’opérations militaires-françaises, onusiennes, maliennes, russes toutes justifiées par la volonté de sécuriser le territoire et de lutter contre le terrorisme et les velléités séparatistes. Pourtant, malgré l’accumulation de troupes et de moyens, les régions du nord, notamment Kidal, échappent toujours à l’autorité de Bamako. La guerre s’enlise. Les groupes armés, loin d’être vaincus, se renforcent et se réorganisent. Et aujourd’hui, c’est avec l’appui de mercenaires étrangers que l’État malien persiste dans une stratégie vouée à l’échec.

Le récent affrontement n’est pas un fait nouveau, mais un symptôme chronique d’un mal profond : l’incapacité à traiter politiquement la question touarègue et la marginalisation historique des populations de l’Azawad. En privilégiant une réponse militaire, le gouvernement malien nie les racines historiques, identitaires et économiques du conflit. Les images triomphantes des deux camps chacun proclamant la victoire masquent une autre réalité : celle d’un pays à bout de souffle, où les populations civiles paient le prix fort.

Les renforts militaires envoyés dans le nord ont pour double mission de ravitailler les positions existantes et d’installer de nouveaux chefs militaires. Cette démarche purement logistique ne résout rien. Elle ne fait qu’intensifier la présence militaire dans une région où cette même présence est perçue comme une occupation étrangère par une frange importante de la population locale.

Échec historique des solutions militaires, depuis 2013, l’opération Serval puis Barkhane, suivies des initiatives maliennes et aujourd’hui russes, n’ont jamais apporté de solution pérenne.

Aggravation du ressentiment local, chaque opération offensive alimente le ressentiment, la radicalisation et le rejet de Bamako.

Renforcement des groupes armés, loin de s’affaiblir, les groupes comme le FLA ou le JNIM gagnent en influence et en légitimité auprès de populations abandonnées.

Absence de processus politique inclusif, l’accord d’Alger de 2015 est au point mort, faute d’engagement réel. Aucun dialogue sincère n’est engagé avec les acteurs rebelles.

À l’instar de l’Afghanistan, où vingt ans d’occupation militaire n’ont pas empêché le retour des talibans, le Mali s’enferme dans la même impasse. En Colombie, c’est un accord de paix négocié, et non des bombardements, qui a permis de désarmer les FARC. Le Mali doit en tirer des leçons urgentes.

Le peuple malien, les forces politiques, les intellectuels et la société civile doivent refuser cette logique de guerre sans fin. Il faut exiger un retour au dialogue, une solution politique courageuse et inclusive, et la fin de cette dangereuse dépendance aux acteurs militaires étrangers. La paix ne se gagne pas au bout du fusil, elle se construit avec du respect, de la justice et de la reconnaissance.

Le nouvel accrochage dans le nord malien prouve une chose : tant que la voie militaire sera privilégiée au détriment du dialogue politique, le Mali restera piégé dans un conflit sans fin. Il faut rompre avec l’illusion martiale et d’ouvrir enfin les portes d’un processus de paix véritable.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdou Faye.
Mis en ligne : 20/07/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

1 commentaires
Ibrahim
li c'est juste le début du commencement
Le 2025-07-18 16:46:08

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

1 commentaires
Ibrahim
li c'est juste le début du commencement
Le 2025-07-18 16:46:08

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top