Ce week-end, une tragédie sur le fleuve Sénégal a endeuillé le village de Thikité, dans la commune de Bokké Dialloubé. Un bac de fortune transportant des villageois s’est renversé sur le Doué, causant la mort d’un homme, Alassane Dia, marié et père de famille. Bien que plusieurs passagers aient pu regagner la rive à la nage, cette tragédie met en lumière une problématique récurrente : l’utilisation de moyens de transport non sécurisés. Cette prise de risque inconsidérée reflète un manque criant de sensibilisation et de prévention.
Le transport fluvial est encore largement utilisé dans certaines zones rurales du Sénégal, notamment dans le département de Podor. Pour rejoindre leurs champs situés de l’autre côté du fleuve, les habitants utilisent souvent des embarcations rudimentaires, faute d’alternatives sûres et accessibles. Cette pratique, banalisée par la précarité du quotidien, dissimule une réalité inquiétante : ces traversées sont des paris sur la vie.
Cette tragédie sur le fleuve Sénégal n’est pas un fait isolé. Chaque année, des accidents similaires surviennent dans les zones rurales, dans l’indifférence quasi générale. L’utilisation d’un bac de fortune démontre l’absence de normes minimales de sécurité : aucun gilet de sauvetage, aucun contrôle de capacité, aucun dispositif d’alerte ou de sauvetage. Le drame de ce week-end illustre les conséquences de cette négligence collective.
La responsabilité n’est pas uniquement institutionnelle. Elle est aussi individuelle. Prendre la mer, ou un fleuve, dans de telles conditions, c’est s’exposer volontairement à un danger connu. L’idée que « cela n’arrive qu’aux autres » persiste, jusqu’au jour où la fatalité frappe.
La multiplication de ces tragédies souligne l’urgence d’une politique nationale de sécurisation du transport rural, fluvial ou routier. Il est inacceptable que des citoyens risquent leur vie quotidiennement pour se rendre au travail.
Le manque de sensibilisation aggrave la situation. Trop de populations ignorent les dangers réels liés aux traversées sur des embarcations précaires. L’éducation communautaire sur les risques et les bonnes pratiques doit devenir une priorité des collectivités territoriales et des ONG locales.
Il faut cesser de tolérer l’utilisation de ces moyens de transport comme des solutions par défaut. La pauvreté ne justifie pas tout. D’autres pays confrontés à des situations similaires, comme le Bangladesh ou certains États d’Afrique de l’Ouest, ont engagé des programmes communautaires de modernisation du transport fluvial avec des résultats tangibles.
Au Ghana, des coopératives de transport communautaire ont permis la mise en place de pirogues motorisées sécurisées, subventionnées et contrôlées par les autorités locales. Au Mali, l’ONG Wetlands International a introduit des embarcations respectant les normes de sécurité pour les communautés riveraines. Pourquoi pas au Sénégal ?
La mort tragique d’Alassane Dia n’est pas un simple accident : c’est le symptôme d’un système qui tolère l’inacceptable. Le recours aux bacs de fortune, à défaut d’alternatives, ne peut être une norme. Tant que l’on continuera à accepter ces pratiques dangereuses comme une fatalité, d’autres familles pleureront leurs morts.
Il faut refuser l’ignorance et l’indifférence. Éduquons, alertons, intervenons. Les autorités locales doivent interdire l’usage des embarcations non sécurisées. Les populations doivent aussi refuser de monter à bord d’un engin qui n’offre aucune garantie de survie. Le Sénégal mérite mieux que des tragédies évitables. La vie humaine vaut plus qu’un raccourci vers un champ.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Sokhna Dieye.
Mis en ligne : 19/07/2025
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