Le Sénégal s’enlise une fois de plus dans un scandale éducatif : après les fuites au baccalauréat, c’est au tour du BFEM d’être éclaboussé par une vaste organisation de tricherie. Selon l’article rapportant les cas de Louga et de Mbour, des groupes WhatsApp ont été utilisés pour transmettre des corrigés aux élèves, moyennant paiement.
Ce phénomène, loin d’être anecdotique, révèle une pourriture bien plus profonde que de simples actes isolés. Nous ne sommes pas face à un problème d’élèves, mais face au reflet d’une société entière rongée par la tricherie érigée en norme.
Au centre Modou Awa Balla Mbacké, 18 élèves ont été arrêtés pour avoir participé à un système de fraude numérique organisé. À Mbour, quatre autres élèves ont été pris en flagrant délit avec des corrigés d’épreuves sur leurs téléphones. Ces cas, à première vue banals, ne sont que les symptômes visibles d’un mal bien plus profond : une société sénégalaise qui tolère, encourage, voire récompense la fraude au quotidien, à tous les niveaux.
On serait tenté de pointer du doigt la « jeunesse irresponsable ». Mais c’est une analyse paresseuse. Qui vend les corrigés ? Qui a accès aux sujets ? Qui ferme les yeux dans les centres d’examen ? Ce ne sont pas les enfants. Ce sont les adultes. Des enseignants, des surveillants, des agents de l’administration, des parents même… Tous complices activement ou par leur silence. On ne peut pas exiger l’intégrité des enfants quand les adultes eux-mêmes trichent pour obtenir des marchés publics, des nominations, des exonérations fiscales ou des élections. Les enfants copient simplement le modèle qu’on leur donne.
Hypocrisie sociale, on condamne les élèves publiquement, mais dans les couloirs de l’administration, on triche pour passer des concours. Certains enseignants rédigent même les réponses des élèves en cachette, sur ordre de parents influents.
Modèle défaillant, dans les foyers, combien de fois les enfants entendent-ils des récits de « débrouillardise » qui ne sont que des actes frauduleux glorifiés ? La tricherie est banalisée.
Impunité généralisée, aucun haut responsable de l’éducation n’a encore été sanctionné pour manquement à la sécurisation des épreuves. Et pourtant, les fuites ne peuvent venir que d’en haut.
Culpabilisation des enfants, on criminalise des mineurs tout en protégeant les réseaux mafieux derrière ces fraudes. Où sont les enquêtes sérieuses pour remonter aux sources ?
Nous vivons dans une société où l’exemple vient d’en haut… et il est mauvais. La triche aux examens n’est qu’un miroir. Le Sénégal ne réglera pas le problème du BFEM tant qu’il ne fera pas le ménage dans sa propre culture de la fraude. La crédibilité des examens dépend moins de la fouille des élèves que de la sincérité de ceux qui tiennent les clés du système. Il faut cesser d’accuser uniquement les enfants et commencer à regarder les adultes en face. Tant que les adultes tricheront, les enfants suivront.
Des cas similaires en Côte d’Ivoire et au Nigeria montrent que les systèmes éducatifs corrompus produisent des générations d’incapables diplômés. À titre d’exemple, au Nigeria, les « exam leak syndicates » sont devenus des entreprises clandestines. Le Ghana, de son côté, a mis en place un système de codage anonyme et des surveillants extérieurs avec des résultats tangibles.
Si le Sénégal veut sauver son école, il ne suffit plus d’indigner l’opinion publique à chaque session d’examen. Il faut démanteler les réseaux de triche institutionnalisée, en haut comme en bas. Sans quoi, les diplômes sénégalais continueront à perdre toute valeur.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 24/07/2025
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