Ce samedi, lors de l’Université d’été du parti Pastef à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Biram Soulèye Diop, ministre des Mines et numéro deux du parti au pouvoir, a tenu des propos pour le moins regrettables. Devant un parterre de militants conquis, il a appelé sans détour à la réplique verbale, incitant à répondre aux critiques par l’insulte : « Celui qui insulte Ousmane Sonko, insultez-le aussi. Si quelqu’un insulte le président de la République, insultez-le également ».
Cette déclaration, applaudie sur le moment, soulève pourtant de profondes inquiétudes. Cette sortie est inacceptable et irresponsable d’un haut responsable de l’État.
Le Sénégal traverse une période politique sensible, marquée par une volonté affichée de rupture avec les pratiques d’antan, une quête de justice sociale et une exigence accrue envers ceux qui gouvernent. Dans ce contexte, chaque mot prononcé par un membre du gouvernement pèse lourd. Il peut apaiser ou envenimer. Encourager à l’invective au lieu d’élever le débat revient à trahir l’esprit même de la fonction ministérielle.
Les propos de Biram Soulèye Diop, appelant à une riposte par l’insulte, foulent au pied le devoir d’exemplarité inhérent à toute fonction publique, et plus encore à une fonction ministérielle. Le rôle d’un dirigeant ne consiste pas à galvaniser les foules par des violences verbales, mais à guider avec responsabilité, à apaiser les tensions et à promouvoir la civilité. Au contraire, son intervention confère une légitimité dangereuse aux dérives langagières, aux joutes haineuses sur les réseaux sociaux et à une culture politique toxique.
De nombreux pays ont souffert des conséquences du mépris du langage républicain. Au Brésil ou aux États-Unis, des leaders populistes ont contribué à polariser leurs sociétés en désignant systématiquement des ennemis à abattre, en alimentant la haine au détriment du dialogue. Le Sénégal, démocratie longtemps citée en exemple pour sa maturité politique, doit éviter ce piège. La violence verbale engendre la violence tout court.
Le Pastef, au pouvoir depuis peu, s’était présenté comme une alternative vertueuse à l’establishment politique. Ce type de déclaration publique contredit totalement cette ambition. Comment parler de justice, d’éthique ou de réconciliation nationale tout en normalisant les insultes ? L’image projetée est celle d’un pouvoir revanchard, sectaire et incapable de tolérer la critique.
Nous appelons le président de la République, Ousmane Sonko, et son gouvernement à rappeler publiquement leurs ministres à l’ordre. L’espace public ne doit pas devenir une arène d’attaques personnelles, mais un lieu d’expression d’idées constructives. La démocratie sénégalaise mérite mieux que des appels à l’insulte pour toute réponse aux désaccords.
Les propos de Biram Soulèye Diop ne sont pas anodins. Ils entachent la dignité de sa fonction, sapent les fondements du vivre-ensemble et compromettent la crédibilité du régime actuel. En ce moment charnière de l’histoire politique du Sénégal, les dirigeants ont le devoir impérieux de montrer l’exemple. Le peuple ne demande pas des gladiateurs, mais des guides.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Ramata Sall.
Mis en ligne : 26/07/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





