Le Sénégal, toujours perdant : Accord Sénégal-Mauritanie - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Business | Par Eva | Publié le 27/07/2025 08:07:00

Le Sénégal, toujours perdant : Accord Sénégal-Mauritanie

Le 25 juillet 2025 marquera l’entrée en vigueur provisoire d’un accord bilatéral entre le Sénégal et la Mauritanie visant à encadrer les conditions d’entrée et de séjour des Sénégalais en territoire mauritanien. À première vue, cet accord semble être un pas vers une meilleure protection des ressortissants sénégalais.

Mais à y regarder de plus près, il révèle un déséquilibre criant et une absence flagrante de réciprocité, trahissant une politique extérieure molle et un manque de fermeté de l’État sénégalais dans la défense de ses citoyens.

Depuis des années, les Sénégalais vivant en Mauritanie subissent des discriminations, des tracasseries administratives et parfois même des abus de la part des forces de sécurité mauritaniennes. Les incidents ne sont pas rares : arrestations arbitraires, expulsions sommaires, confiscation de biens ou encore harcèlement administratif. C’est dans ce climat délétère que s’inscrit ce nouvel accord, présenté comme une avancée diplomatique. Pourtant, il ressemble davantage à un pansement sur une plaie béante.

Le texte prévoit la suppression de certains frais pour les Sénégalais entrant en Mauritanie et fixe les conditions pour l’obtention d’une carte de séjour moyennant 300 MRU (environ 5 000 FCFA). Mais qu’en est-il des Mauritaniens vivant au Sénégal ? Sont-ils soumis aux mêmes exigences ? Deviennent-ils l’objet de contrôles réguliers ou de procédures d’enregistrement ? La réponse est non. Les Mauritaniens présents au Sénégal bénéficient d’une liberté de circulation quasi-totale, exercent librement des activités commerciales, parfois même sans formalisation adéquate, et ne sont soumis à aucun dispositif de régulation aussi strict.

Là où le Sénégal impose à ses ressortissants en Mauritanie de présenter une carte consulaire, une pièce d’identité ou un passeport, les autorités sénégalaises ferment souvent les yeux sur les formalités administratives des Mauritaniens installés au Sénégal. Cette indulgence, sous couvert de bon voisinage, reflète en réalité un manque de courage politique. Le principe de réciprocité, pourtant fondamental en diplomatie, semble avoir été purement et simplement sacrifié.

Prenons exemple sur les relations entre le Mali et l’Algérie. Lors de tensions migratoires, le Mali n’a pas hésité à suspendre certaines coopérations ou à exiger des garanties concrètes pour ses ressortissants. Pourquoi le Sénégal ne peut-il pas adopter une posture similaire ? Pourquoi cette tendance à toujours céder, même lorsque ses ressortissants sont traités avec condescendance ou mépris ?

En saluant la « collaboration exemplaire » des autorités mauritaniennes, le gouvernement sénégalais tente de masquer les failles de cet accord. Mais les faits sont têtus : nous sommes face à une coopération déséquilibrée, où le Sénégal donne plus qu’il ne reçoit. Tant que nos autorités refuseront de faire prévaloir la réciprocité et la dignité de leurs citoyens, nous resterons les dindons de la farce diplomatique.

Il faut que le Sénégal revoie ses accords bilatéraux avec davantage d’exigence. Les temps des accords de façade est révolu. Ce que nous demandons, c’est une justice migratoire réelle, fondée sur l’équité et le respect mutuel.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ameth Sy.
Mis en ligne : 27/07/2025

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