La finale de la Coupe du Sénégal 2025 a été marquée par un moment historique : Génération Foot s’est imposée 1-0 face au Jaraaf dans un Stade Léopold Sédar Senghor flambant neuf, retrouvant enfin la ferveur du football après sept ans de silence. Si cette soirée aurait dû être avant tout un hommage au sport et à ses acteurs, c’est un autre détail qui attire l’attention : la remise du trophée par le Premier ministre Ousmane Sonko.
Un geste en apparence solennel, mais à y regarder de plus près, révélateur d’un usage politique peu discret du football.
Le retour du football dans le principal stade national méritait une célébration digne de ce nom. Génération Foot, brillante et disciplinée, a ravi ses supporters, tandis que le Jaraaf, malgré une belle résistance, n’a pu inverser la tendance. Le décor était parfait pour honorer le football sénégalais dans toute sa diversité. Pourtant, la présence du Premier ministre en tant que figure centrale de la cérémonie, reléguant au second plan les anciens acteurs du sport national, interroge sur le message envoyé.
Dans de nombreux pays, de tels événements sont des occasions pour valoriser les légendes du sport. En France, on verrait mal un Premier ministre remettre la Coupe de France sans qu’un Zinédine Zidane ou un Michel Platini soit convié pour le prestige symbolique. Pourquoi le Sénégal ne s’en inspire-t-il pas ?
Ousmane Sonko, figure politique clivante, n’est pas un acteur du monde sportif. Le voir remettre le trophée à Génération Foot en lieu et place d’une gloire du football sénégalais, un El Hadji Diouf, un Henri Camara, ou encore un Tony Sylva, soulève des questions légitimes. Ce choix n’est pas anodin. Il illustre, une fois de plus, la tendance de nos dirigeants à faire de chaque scène publique une tribune politique.
Ce n’est pas la première fois que la politique sénégalaise s’immisce dans le sport. Rappelons les multiples récupérations politiques lors de la CAN 2021 ou encore les promesses électorales autour de la rénovation des stades. Loin de valoriser le sport pour ses propres mérites, ces apparitions opportunistes brouillent le message.
Au lieu de permettre à une légende sportive de transmettre symboliquement le flambeau à la nouvelle génération, le pouvoir a préféré mettre en avant son chef de file, comme pour mieux capitaliser sur l’enthousiasme populaire. Ce faisant, on détourne une fête sportive de son essence, pour en faire un outil de communication politique.
Dans un pays où le football est une passion fédératrice, il est regrettable de constater que même cet espace n’échappe pas aux calculs politiciens. En marginalisant les acteurs historiques du sport au profit des figures gouvernementales, on tourne le dos à une tradition de reconnaissance et de respect envers ceux qui ont bâti notre patrimoine sportif.
La victoire de Génération Foot restera dans les annales. Mais l’image que retiendra une partie de l’opinion, c’est celle d’un Premier ministre en pleine opération de visibilité politique, là où l’on attendait une figure sportive emblématique. Le Sénégal a manqué une belle occasion de prouver que le sport pouvait encore rester un espace préservé des logiques partisanes. La politisation du football n’est ni anodine ni inévitable. Il faut redonner au sport sa place : celle d’un terrain neutre, rassembleur et respectueux de ses propres héros.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Charles Preira.
Mis en ligne : 28/07/2025
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