Le lundi 21 juillet 2025, Fou Malade a été victime d’intimidation alors qu’il quittait les abords de la plage BCBAO à Dakar. Le rappeur et chroniqueur, de son vrai nom Malal Talla, a été interpellé de manière agressive par un individu inconnu, visiblement excédé par ses prises de position à l’égard d’Ousmane Sonko dans l’émission « Jakaarlo Bi ». L’homme, se présentant comme un partisan fervent, a proféré des menaces explicites à son encontre, transformant une opinion publique en prétexte à la violence. Cette affaire, rapportée par L’Observateur, a conduit Fou Malade à déposer plainte contre X à la Gendarmerie de la Foire.
Depuis plusieurs années, le Sénégal traverse une période de polarisation politique sans précédent. Les lignes idéologiques se sont durcies, les discours se sont radicalisés, et les figures médiatiques ou intellectuelles qui osent adopter une posture critique deviennent des cibles.
Cette situation découle en partie de l’hyper-médiatisation des leaders politiques, notamment Ousmane Sonko, dont les partisans semblent parfois confondre soutien politique et culte de la personnalité.
Or, dans toute société démocratique, la pluralité d’opinions est non seulement permise, mais essentielle. Attaquer un chroniqueur pour ses prises de position, c’est mettre en péril la liberté d’expression, pilier fondamental de notre République.
Le comportement de l’agresseur n’est pas un simple fait divers. Il est le symptôme d’une dérive préoccupante : la criminalisation de la parole critique. Dire à un citoyen : « Je sais où tu habites » ou « Tu n’auras jamais la paix » pour une opinion exprimée publiquement, c’est franchir la ligne rouge entre débat politique et violence idéologique.
Ce climat délétère est entretenu, sciemment ou non, par des leaders politiques qui, au lieu de condamner fermement ces pratiques, préfèrent entretenir l’ambiguïté. Le silence complice ou les demi-mesures deviennent ainsi des armes redoutables. Quand on refuse de désavouer ses partisans les plus radicaux, on légitime leurs excès.
Le cas de Fou Malade n’est pas isolé. On se souvient de journalistes pris à partie sur les réseaux sociaux, de manifestants agressés pour avoir critiqué telle ou telle figure politique. À l’international, on retrouve ces dérives dans les démocraties fragiles comme le Venezuela ou la Turquie, où les voix dissidentes sont systématiquement réduites au silence par la peur ou la force.
Ce n’est pas le modèle que mérite le Sénégal. Nous devons tirer les leçons de ces exemples pour éviter une spirale irréversible.
Il faut que tous les acteurs, dirigeants politiques, forces de l’ordre, société civile, médias, prennent leurs responsabilités. D’abord, les autorités doivent assurer la sécurité de toutes les voix, même discordantes. Ensuite, les leaders politiques doivent se désolidariser sans équivoque des comportements violents de leurs partisans. Enfin, chaque citoyen doit comprendre qu’une démocratie se nourrit de débats, pas de menaces.
Ce qui est arrivé à Fou Malade est grave. Ce n’est pas une simple altercation, mais un signal d’alarme. Quand exprimer une opinion devient risqué, c’est que la démocratie est malade. Il est temps de guérir ce mal en dénonçant fermement ces pratiques et en rappelant que la liberté d’expression n’est pas une faveur accordée, mais un droit garanti.
Face à la peur, choisissons la fermeté. Face aux intimidations, affirmons notre engagement pour une démocratie ouverte, critique et pacifique.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Abdoulaye Ba.
Mis en ligne : 28/07/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





