La nouvelle a fait le tour des rédactions sportives et diplomatiques : la République Démocratique du Congo, riche en minerais mais pauvre en services publics, aurait signé un contrat de sponsoring avec le FC Barcelone à hauteur de 11 millions d’euros par an pendant quatre ans, pour faire figurer le slogan « RDC, Cœur de l’Afrique » sur le maillot du club espagnol. Le journal L’Équipe affirme même que le contrat est déjà signé. Loin d’être une prouesse diplomatique ou une stratégie de visibilité brillante, cette initiative s’apparente à un gaspillage indécent dans un pays en crise.
Deuxième plus grand pays d’Afrique, la RDC est assise sur des montagnes d’or, de coltan, de cobalt, de diamant… Pourtant, plus de 70 % de sa population vit avec moins de deux dollars par jour, les hôpitaux manquent de matériel de base, les routes sont en ruine, et l’insécurité ravage l’Est du pays. L’État congolais, incapable de garantir la sécurité et l’éducation à ses citoyens, trouve néanmoins les fonds pour sponsoriser l’un des clubs les plus riches du monde. Un paradoxe choquant.
Sous prétexte d’améliorer l’image du pays à l’étranger, le président Tshisekedi engage des dizaines de millions d’euros dans une opération de communication hors-sol. Si le slogan « RDC Cœur de l’Afrique » peut flatter l’égo présidentiel ou séduire quelques investisseurs, il ne remplira ni les estomacs des enfants malnutris ni les classes des écoles délabrées. Ce n’est pas avec un logo sur le torse de Lewandowski que les déplacés de Goma retrouveront un toit.
Il est tentant de suivre l’exemple du Rwanda, qui a placé son slogan « Visit Rwanda » sur les maillots d’Arsenal, du PSG et du Bayern Munich. Mais comparer Kigali à Kinshasa, c’est ignorer les réalités. Le Rwanda, bien que critiquable à plusieurs égards, a misé sur un tourisme structuré, une administration plus efficace et une sécurité relativement stable. La RDC, elle, reste engluée dans une corruption endémique, une instabilité chronique et une absence criante de gouvernance territoriale.
Ce contrat ne profite ni aux artistes, ni aux entrepreneurs, ni aux paysans congolais. Il ne crée ni emploi durable ni impact direct pour les citoyens. Pire, il symbolise cette obsession du prestige international au détriment des besoins de base. Avec plus de 40 millions d’euros sur quatre ans, le gouvernement aurait pu construire des centaines d’écoles, équiper des hôpitaux, ou réhabiliter des routes vitales. Mais non : on préfère financer les millionnaires de Barcelone.
Cette opération de sponsoring n’est ni stratégique ni utile. C’est un luxe insensé, une insulte à la souffrance quotidienne des Congolais. Il faut que les dirigeants de la RDC cessent de penser vitrine et commencent à penser fondation. L’image d’un pays ne se construit pas à coups de millions dans le football européen, mais par la dignité, le développement et le service du peuple.
La RDC n’a pas besoin de visibilité : elle a besoin de justice, de soins et d’éducation. Que ce contrat soit dénoncé, et que l’argent retourne là où il est le plus urgent : auprès du peuple.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Maimouna N.
Mis en ligne : 29/07/2025
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