L’actualité éducative sénégalaise est récemment secouée par une controverse préoccupante concernant le sujet d’anglais de l’examen du Brevet de Fin d’Études Moyennes (BFEM) 2025. À Rufisque, Elimane Ndir, coordonnateur de la cellule d’anglais, n’a pas mâché ses mots : le sujet proposé cette année serait inadapté aux réalités pédagogiques actuelles, voire mal conçu. Ce cri d’alarme met en lumière une défaillance majeure dans le processus d’élaboration et de validation des épreuves nationales, problématique qui mérite un regard critique. Il révèle un malaise profond qui risque de compromettre la qualité de notre système éducatif.
Le BFEM, examen charnière du système scolaire sénégalais, doit refléter les apprentissages des élèves et s’inscrire en cohérence avec les méthodes pédagogiques en vigueur. Or, il semble que ce ne soit pas le cas avec ce dernier sujet d’anglais.
D’après les retours du terrain, le sujet proposé diverge totalement des exercices familiers auxquels les élèves se préparent. Ce décalage met non seulement en difficulté les candidats, mais pose aussi la question de la pertinence pédagogique des examens.
Plus grave encore, dans l’examen du BFEM 2025, le concepteur du sujet serait totalement déconnecté de la réalité des classes : « ne mettant plus les pieds dans une salle de classe depuis des années », il ne dispose donc pas d’une vision actualisée des méthodes d’enseignement ni des attentes des élèves. Ce constat révèle une faille organisationnelle majeure. Le comité de validation, censé garantir la qualité et la pertinence des épreuves, a visiblement été dépassé, voire « piégé », laissant passer un sujet inapproprié. Ce dysfonctionnement constitue un signal d’alerte grave concernant la gouvernance du système d’évaluation scolaire.
Cette situation ne relève pas du simple hasard. Elle traduit une tendance inquiétante où des experts théoriques, souvent éloignés du terrain, dictent des contenus sans consultation effective des enseignants ni prise en compte des besoins réels des élèves. La conséquence directe est une épreuve non seulement inéquitable, mais qui ne sert pas sa vocation principale : évaluer justement les acquis des élèves et préparer leur avenir scolaire.
Un tel dysfonctionnement nuit à la confiance accordée aux examens nationaux et fragilise l’ensemble du système éducatif. Ce problème n’est pas unique au Sénégal. Dans plusieurs pays, des critiques similaires émergent lorsque les concepteurs d’examens ne collaborent pas étroitement avec les enseignants de terrain. Par exemple, en France ou au Royaume-Uni, les commissions d’élaboration des sujets comprennent des professeurs actifs dans les classes, assurant ainsi une meilleure adéquation entre programme, pédagogie et évaluation.
À l’inverse, persister dans cette logique d’élaboration déconnectée ne peut que creuser l’écart entre les exigences officielles et la réalité vécue par les élèves et leurs enseignants. Cela génère frustration, échec, voire découragement chez les jeunes, qui se retrouvent face à des obstacles inattendus et injustes. Le rôle des autorités éducatives est clair : réformer en profondeur le mode de conception des sujets d’examens, en privilégiant une collaboration active avec les enseignants de terrain, garants d’une pédagogie moderne et adaptée.
Il faut instaurer des mécanismes transparents de validation incluant des professeurs expérimentés encore en exercice, afin d’assurer la pertinence et l’équité des épreuves. La formation continue des concepteurs de sujets doit aussi être renforcée pour qu’ils restent connectés aux pratiques pédagogiques actuelles. Sans cela, le système éducatif court le risque de perdre toute crédibilité aux yeux des acteurs concernés et du grand public.
La polémique autour de l’examen du BFEM 2025 est symptomatique d’un problème systémique : la déconnexion des concepteurs d’examens avec le terrain éducatif. Ce constat impose une remise en question urgente des méthodes d’élaboration des sujets nationaux. Il faut que les décideurs comprennent que seul un dialogue étroit entre terrain et conception peut garantir des examens justes, pertinents et constructifs pour nos élèves. Nous appelons donc à un changement radical, qui place enfin l’école et ses acteurs au cœur du processus. Toute autre approche serait un aveu d’échec et un danger pour l’avenir de notre jeunesse.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Alice Mendy.
Mis en ligne : 30/07/2025
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