Alors que le Sénégal regorge de ressources naturelles en eau douce, notamment le fleuve Sénégal et le lac de Guiers, le gouvernement semble s’entêter dans une logique qui interroge : celle du dessalement de l’eau de mer. Certes, le contrat signé avec Acwa Power a été renégocié sous la présidence de Diomaye Faye, mais même dans une version “rééquilibrée”, le projet reste, dans son essence, profondément discutable.
Ce projet ne répond ni aux impératifs de souveraineté, ni à ceux de durabilité, ni aux besoins réels du pays.
Lors de sa prise de fonction, le président Diomaye Faye avait affirmé sa volonté de rompre avec les projets opaques du passé et de privilégier des solutions endogènes. C’est dans cette dynamique que le projet de grand transfert d’eau à partir du lac de Guiers avait été évoqué, comme une alternative plus logique, plus économique, et surtout plus respectueuse de notre géographie. Où en est cette initiative ? Pourquoi la voix de la raison a-t-elle cédé la place à une technologie coûteuse, énergivore et inadaptée à notre situation hydrologique ?
Le dessalement est traditionnellement réservé aux pays en stress hydrique extrême, tels que l’Arabie saoudite ou Israël, où les ressources en eau douce sont quasiment inexistantes. Le Sénégal n’est pas dans ce cas. Des milliers de mètres cubes d’eau douce s’écoulent chaque année vers l’océan sans être captés ni stockés. Nos défis résident davantage dans la gestion, le transport et la préservation de cette eau que dans son inexistence.
Pourquoi dès lors recourir à une solution qui consomme énormément d’énergie (dont nous manquons), repose sur des technologies importées (hors de portée de notre souveraineté technologique) et risque d’aliéner notre indépendance économique à long terme ? Même renégocié, ce contrat demeure un compromis douteux avec des intérêts étrangers.
On nous parle de « partenariat fraternel » avec l’Arabie saoudite. Mais quand un pays impose ses modèles à un autre, peut-on encore parler de partenariat ? Il est préoccupant de constater que des décisions aussi cruciales que la stratégie nationale d’approvisionnement en eau soient négociées à l’étranger et non tranchées sur la base d’études locales, d’expertises nationales et de consultations publiques transparentes.
La mise en scène diplomatique entre Diomaye Faye et le roi Salmane semble davantage destinée à justifier une volte-face politique qu’à répondre aux vrais enjeux. Une souveraineté véritable ne consiste pas à troquer une soumission pour une autre.
Le Sénégal a besoin d’investissements dans la modernisation de ses réseaux hydrauliques, dans la réduction des pertes en eau, dans la préservation de ses nappes phréatiques, et dans une meilleure gouvernance de ses ressources. Le dessalement ne peut être qu’un dernier recours, pas une priorité stratégique.
En optant pour un projet de dessalement, même « renégocié », le gouvernement sénégalais donne l’impression d’un renoncement. Renoncement à des solutions locales, renoncement à une souveraineté énergétique, et renoncement à une gestion responsable de nos ressources naturelles. Ce choix n’est ni rationnel, ni durable. Il est dangereux. Et il témoigne, malheureusement, d’un manque de cohérence stratégique qui pourrait coûter cher au pays.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 31/07/2025
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