Un nouvel accord de paix RDC-M23 a récemment été conclu entre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. Les deux parties se sont engagées à œuvrer pour un cessez-le-feu permanent et à lancer des négociations visant un accord de paix durable dans un délai d’un mois. Ce développement, bien que salué avec prudence par la communauté internationale, ne doit pas cacher une réalité plus préoccupante : cet accord de paix RDC-M23 apparaît davantage comme une façade diplomatique, une manœuvre destinée à apaiser les tensions internationales sans s’attaquer aux causes profondes du conflit.
La RDC est loin d’en être à son premier accord avec le M23. Depuis la rébellion de 2012, des engagements ont été signés, puis trahis. Le précédent accord de Nairobi en 2013, qui devait marquer la fin de l’insurrection, a sombré dans l’oubli à peine signé. Les promesses de désarmement, de réintégration des combattants et de retour des déplacés n’ont jamais été concrétisées. L’histoire nous montre que les accords entre Kinshasa et les groupes armés n’ont souvent pour but que de contenir les critiques internationales et non de résoudre durablement les conflits.
L’implication persistante du Rwanda dans le soutien au M23, malgré les multiples démentis officiels, constitue un obstacle fondamental à tout processus de paix sincère. Des rapports crédibles de l’ONU et d’ONG internationales ont documenté le soutien logistique et militaire rwandais à la rébellion, ce qui rend toute négociation bancale dès le départ. Tant que Kigali continuera à alimenter les tensions à l’est de la RDC pour des intérêts géopolitiques et économiques, notamment le contrôle des ressources minières, aucun accord ne pourra être crédible ni durable.
Les négociations actuelles ressemblent davantage à une stratégie de diversion qu’à un réel pas vers la paix. Le M23, ayant pris le contrôle de territoires stratégiques et de grandes villes plus tôt cette année, se trouve en position de force. L’appel au dialogue permet aux rebelles de gagner du temps, de se réorganiser, voire de renforcer leur légitimité politique. De son côté, le gouvernement congolais, confronté à une pression diplomatique croissante, se contente de gestes symboliques pour donner l’illusion d’un effort de paix.
Ce scénario n’est pas propre à la RDC. Le Soudan du Sud ou encore la Centrafrique ont connu des processus de paix en apparence prometteurs, mais qui ont rapidement été suivis de reprises des hostilités, faute de sincérité ou d’engagement des parties concernées. Dans tous ces cas, les accords ont été signés sous la pression internationale, sans réelle volonté de traiter les causes profondes des conflits, telles que la gouvernance, les tensions ethniques et l’exploitation des ressources.
Face à cette mascarade diplomatique, la communauté internationale, au lieu de se satisfaire d’une déclaration de principes, devrait exiger des actes concrets : retrait immédiat des forces étrangères, désarmement effectif du M23, justice pour les victimes des violences, et réforme en profondeur des institutions congolaises. Les populations meurtries de l’Est de la RDC ne peuvent plus se contenter de faux-semblants.
Ce nouvel accord de paix RDC-M23 ne doit tromper personne. Il s’agit d’une façade habilement construite pour apaiser les pressions extérieures sans offrir de solution réelle. La paix véritable ne viendra ni des signatures à huis clos, ni des promesses creuses, mais d’un changement structurel, d’un désengagement des puissances étrangères, et d’un engagement sincère en faveur de la souveraineté et de la dignité du peuple congolais.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Samba Diatta.
Mis en ligne : 31/07/2025
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