De l’eau avant le Wi-Fi : Ce que veulent vraiment les étudiants - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Education | Par Eva | Publié le 06/08/2025 02:08:15

De l’eau avant le Wi-Fi : Ce que veulent vraiment les étudiants

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Lors du lancement des concertations nationales sur l’enseignement supérieur, le président Bassirou Diomaye Faye a affiché une ambition éclatante : hisser le Sénégal au rang de pôle régional d’innovation et d’excellence scientifique. À première vue, un discours porteur d’espoir. Mais à y regarder de plus près, cette envolée visionnaire semble totalement déconnectée de la réalité. Face à un système universitaire délabré, à des infrastructures numériques indigentes et à une jeunesse étudiante abandonnée, ces promesses relèvent davantage de la poudre aux yeux que d’un véritable plan de transformation.

Depuis plusieurs années, les universités sénégalaises ploient sous le poids d’un sous-investissement chronique. Amphis surpeuplés, coupures d’électricité récurrentes, pénurie de matériel informatique, bibliothèques fermées ou obsolètes : voilà le quotidien de milliers d’étudiants. Le président peut bien se féliciter du lancement du premier satellite sénégalais, symbole d’une élite technologique émergente, mais que vaut ce symbole lorsque les campus peinent à fournir une connexion internet stable ou à garantir l’accès à un ordinateur par groupe d’étudiants ?

Diomaye Faye insiste sur la numérisation des archives, la mise en ligne des bibliothèques et le développement de l’enseignement à distance. Or, sur le terrain, les bases mêmes du numérique sont absentes. Selon plusieurs rapports, à peine 30 % des universités disposent d’un réseau internet fiable. Quant à l’équipement informatique, il est quasi inexistant dans les facultés de sciences humaines ou de droit, où les étudiants doivent souvent emprunter un ordinateur pour rédiger un mémoire. Comment numériser sans scanner, sans budget, sans personnel formé, sans serveurs sécurisés ?

Parler de plateformes pédagogiques alors que certaines universités n’ont même pas de salle informatique digne de ce nom, c’est renverser l’ordre des priorités. L’université Cheikh Anta Diop, censée être un fer de lance, fait face à des retards constants dans les inscriptions, à une incapacité chronique à intégrer les nouveaux bacheliers et à des grèves à répétition liées au manque de moyens. À quoi bon inviter le secteur privé à financer la recherche quand les chercheurs manquent déjà des outils les plus élémentaires ?

L’exemple du Mali ou du Burkina Faso, pays avec des ambitions similaires, montre à quel point de telles réformes ne tiennent qu’avec une volonté politique ferme doublée d’un investissement massif dans les infrastructures de base. Là-bas aussi, les gouvernements ont promis une révolution numérique dans l’enseignement supérieur, sans jamais réussir à dépasser les effets d’annonce. Le Sénégal semble bien parti pour suivre cette même voie.

Il ne suffit pas de tenir un discours galvanisant devant une élite universitaire. Il faut se confronter à la réalité des campus, des salles de classe insalubres aux dortoirs inhumains. Les investissements annoncés restent vagues, les partenariats avec le secteur privé hypothétiques, et la coordination entre institutions, utopique.

Il faut arrêter les envolées lyriques et de s’atteler à des actions concrètes. Si le président veut réellement faire de l’enseignement supérieur un levier de souveraineté et d’innovation, qu’il commence par assurer l’accès à l’eau potable sur les campus, une connexion internet stable et du matériel de base pour les étudiants. Sinon, ses discours ne seront que des slogans de plus, noyés dans le tumulte d’un système éducatif à bout de souffle.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Samba Ndour.
Mis en ligne : 06/08/2025

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