Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Le monde de la lutte, à travers les figures d’Aziz Ndiaye et Moustapha Guèye, a récemment sollicité le nouveau directeur de la RTS, Pape Alé Niang, pour qu’il réinvestisse dans la diffusion de la lutte sénégalaise. Ils souhaitent que, tout comme pour les compétitions internationales comme la Coupe du monde, la RTS achète les droits des grands événements de lutte. Cependant, cette demande pose de nombreuses questions sur le rôle du service public et la gestion des fonds publics.
La lutte sénégalaise est profondément ancrée dans la culture du pays. De sport traditionnel, elle est devenue un spectacle commercialisé, dominé par des promoteurs et des sponsors privés. Les combats attirent les foules, les caméras et les billets de banque. Mais dans ce secteur, la transparence et la régulation font toujours défaut. C’est dans ce contexte que certains acteurs appellent à une implication directe de la RTS.
Selon Aziz Ndiaye, la RTS devrait acheter les droits audiovisuels de la lutte pour participer à son développement. Moustapha Guèye, lui, insiste sur la nécessité de redonner à ce sport la place qu’il occupait autrefois sur les antennes publiques. Or, la question centrale demeure : la RTS et les promoteurs de lutte peuvent-ils collaborer sans brouiller la frontière entre service public et intérêts privés ?
Les promoteurs de lutte tirent des bénéfices importants de l’organisation des combats, sans rendre compte à aucune autorité publique. Intégrer la RTS et les promoteurs de lutte dans un même schéma économique reviendrait à utiliser l’argent public pour financer un secteur privé, sans garantie de retour ou de transparence.
La RTS a pour mission de servir l’intérêt général, non d’alimenter des logiques de rentabilité privée. Les priorités devraient aller à des programmes éducatifs, culturels ou citoyens. La RTS et les promoteurs de lutte ne partagent pas la même vision ni les mêmes obligations.
La lutte sénégalaise souffre d’un manque criant de régulation. Avant même de songer à une collaboration, une structuration fédérale, transparente et contrôlée est nécessaire. Sinon, la RTS et les promoteurs de lutte évolueront dans une zone grise préjudiciable au contribuable.
Ailleurs, comme en France ou en Allemagne, les médias publics n’achètent les droits sportifs que lorsque le cadre réglementaire est clair, avec des fédérations encadrées. Ils ne s’engagent pas dans des disciplines où la sphère privée domine sans obligation de transparence. La RTS et les promoteurs de lutte doivent s’aligner sur ces standards s’ils veulent bâtir un partenariat crédible.
Le rapprochement entre la RTS et les promoteurs de lutte ne peut se faire sans conditions strictes. Il ne revient pas à l’État de subventionner, via sa télévision publique, un secteur largement commercialisé et non régulé. Pape Alé Niang doit se montrer ferme : la RTS n’est pas un guichet de soutien culturel aveugle, mais un outil stratégique au service de l’intérêt général.
Tant que la lutte sénégalaise ne sera pas encadrée, régulée et transparente, la RTS et les promoteurs de lutte doivent rester séparés. Le contribuable sénégalais mérite mieux que de voir ses ressources dilapidées pour soutenir un sport sans garde-fous.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Talla Diop.
Mis en ligne : 07/08/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.




