L’ennemi n’est pas toujours extérieur : Déclin du commerce local - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Business | Par Eva | Publié le 07/08/2025 07:08:15

L’ennemi n’est pas toujours extérieur : Déclin du commerce local

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Ce samedi, l’Association des commerçants de carreaux du Sénégal a tiré la sonnette d’alarme, dénonçant une « concurrence déloyale » de la part des entreprises indiennes, accusées de s’accaparer le marché de la construction. Sous la présidence de Moussa Thiam et du trésorier El Hadji Guèye, les commerçants ont dressé un tableau sombre de la situation : boutiques en faillite, familles menacées, dettes bancaires écrasantes. Leur appel au président Bassirou Diomaye Faye et au Premier ministre Ousmane Sonko pour une régulation immédiate est légitime à première vue. Pourtant, en y regardant de plus près, une grande part de la responsabilité leur incombe.

Il est important de replacer cette crise dans un contexte globalisé où la compétition économique est la norme, non l’exception. L’arrivée d’acteurs étrangers, notamment indiens, sur le marché sénégalais n’est ni nouvelle ni surprenante. Ces entreprises s’inscrivent dans une logique commerciale agressive, certes, mais légale, optimisant leur chaîne de valeur, du stockage à la distribution. Elles exploitent efficacement les failles d’un marché local désorganisé, morcelé et peu compétitif.

Au lieu de se concentrer uniquement sur les effets externes, il faut que les commerçants sénégalais aient le courage de faire leur propre examen de conscience. Le manque d’union dans le secteur, l’absence d’une stratégie commune et la tendance à brader les prix pour survivre à court terme sont autant de facteurs auto-destructeurs. Plutôt que de s’organiser collectivement pour mutualiser les achats, améliorer les services ou créer une marque nationale forte, beaucoup ont préféré jouer solo, affaiblissant ainsi leur position face à la concurrence structurée.

Le dumping localisé est une conséquence, pas une cause. Lorsque les commerçants locaux vendent à perte ou au rabais, ils tirent l’ensemble du marché vers le bas.

L’absence de structure commerciale moderne chez beaucoup de détaillants rend difficile l’offre de services efficaces et concurrentiels. La désunion règne, alors qu’un front commun pourrait peser sur les décisions publiques et face au marché.

L’État seul ne peut tout faire. Même s’il faut une régulation, elle ne compensera pas l’absence de vision entrepreneuriale locale.

Des pays comme le Maroc ou le Rwanda ont vu émerger de puissantes coopératives de commerçants ou d’entrepreneurs qui, face à la mondialisation, ont su s’adapter, innover et défendre leur place sur le marché. Le repli protectionniste n’a jamais suffi à sauver un secteur. La clé réside dans l’organisation, l’innovation et la montée en gamme.

Oui, la concurrence indienne est rude. Oui, l’État doit poser des garde-fous. Mais les commerçants sénégalais doivent d’abord se remettre en question. Tant qu’ils resteront désunis, sans stratégie collective, bradant leurs produits et se repliant sur eux-mêmes, ils perdront la bataille du marché. Le salut viendra d’une refondation interne, pas d’une fermeture des frontières commerciales.

Il faut arrêter de subir et de commencer à se battre intelligemment.

Article opinion écrit par le créateur de contenu :Anonyme.
Mis en ligne : 07/08/2025

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