Alors que le coup d’envoi du Championnat d’Afrique des nations (CHAN) 2025 est prévu pour ce samedi 2 août, une série de dysfonctionnements et de polémiques entoure déjà l’événement. Coorganisé par le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda, ce tournoi censé mettre en lumière les talents locaux du continent africain se voit terni par des pratiques opaques, des tensions politiques inquiétantes et une gestion calamiteuse de la billetterie. À quelques mois de la CAN 2025 au Maroc et à deux ans de la CAN 2027 prévue dans ces mêmes pays, ce fiasco organisationnel envoie un signal très négatif au monde entier.
Le CHAN, censé célébrer la vitalité du football africain local, se retrouve pris en otage par un gouvernement kényan en pleine tourmente. Accusé de corruption, de violences policières et d’atteintes aux libertés, le régime de William Ruto est aujourd’hui soupçonné de manipuler l’accès aux billets du match d’ouverture pour remplir les tribunes de partisans, empêchant tout débordement politique. Des supporters kényans, frustrés, rapportent qu’aucun ticket n’a pu être acheté dans les canaux habituels, tandis que les autorités clament, sans preuve, que les places sont disponibles en ligne. Le silence assourdissant de la Confédération africaine de football (CAF) face à ces accusations est tout aussi troublant.
Ce CHAN 2025 était censé servir de test grandeur nature pour la CAN 2027. À ce titre, la moindre faille devrait être prise au sérieux. Or, ce que nous observons au Kenya est bien plus qu’une faille : c’est une démonstration de mauvaise gouvernance, d’opacité et de politisation du sport. Si un simple match d’ouverture génère autant de controverse, que faut-il attendre d’une compétition de plus grande envergure ? Les sponsors, les diffuseurs, les supporters et même les délégations sportives ont de quoi s’inquiéter.
En sabordant l’organisation de ce tournoi, les autorités kényanes entachent non seulement leur crédibilité mais aussi celle du football africain tout entier. L’Afrique lutte depuis des décennies pour se faire respecter dans les instances sportives internationales. Ce type de polémique, où l’incompétence se mêle à la répression politique, renforce les stéréotypes négatifs et décourage les investisseurs. À l’heure où le football africain connaît un regain d’intérêt international, notamment avec la visibilité croissante de ses joueurs dans les grands clubs européens, ce genre de spectacle déplorable est un retour en arrière.
Ce n’est pas la première fois qu’un pays africain mêle politique et football à ses dépens. En 2010, l’Angola avait été critiquée pour son organisation approximative de la CAN, marquée par l’attaque contre l’équipe togolaise. En 2023, des matchs de qualification avaient dû être déplacés faute de stades homologués. Ces exemples montrent combien il est urgent de professionnaliser la gestion du sport en Afrique, d’en faire un terrain de mérite et non un outil de propagande.
Le CHAN 2025 aurait pu être une fête populaire, une vitrine pour la jeunesse africaine et un moment de communion autour du ballon rond. Il risque d’être au contraire un symbole de confiscation politique et d’échec organisationnel. Si l’Afrique veut organiser des compétitions crédibles et respectées, elle doit d’abord régler ses problèmes de gouvernance et rompre avec la tentation de l’instrumentalisation politique du sport. Sinon, les fans tourneront le dos, les sponsors s’éloigneront, et le rêve d’un football africain rayonnant s’effondrera sur lui-même.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ablaye Diop.
Mis en ligne : 11/08/2025
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