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Le gouvernement sénégalais vient d’annoncer le recrutement de 220 sages-femmes, présenté comme un progrès majeur pour la santé maternelle et infantile, en particulier dans les zones rurales. À première vue, l’initiative semble louable. Cependant, à y regarder de plus près, cette mesure, au lieu d’être une avancée incontestable, révèle de profondes lacunes dans le processus de sélection et dans la gestion des ressources humaines dans le secteur public de la santé.
Le Sénégal continue de faire face à des défis en matière de santé maternelle et néonatale. Selon l’UNICEF, le taux de mortalité maternelle reste élevé, avec plus de 300 décès pour 100 000 naissances vivantes. Dans les régions rurales, les femmes accouchent encore sans assistance médicale adéquate, parfois dans des postes de santé délabrés, faute de personnel formé. Dans ce contexte, le renforcement du personnel de santé est une nécessité absolue.
Derrière l’annonce du recrutement massif, des voix s’élèvent déjà. De nombreuses candidates qualifiées dénoncent un processus opaque, sans publication claire des critères de sélection. Des diplômées, compétentes et expérimentées, se retrouvent évincées sans justification, parfois au profit de profils moins qualifiés mais mieux « connectés ». Dans un pays où le chômage des jeunes diplômés, notamment dans le secteur de la santé, est endémique, ces injustices créent un profond sentiment de frustration.
Il ne suffit pas de recruter : encore faut-il recruter de manière juste, transparente et fondée sur le mérite.
Des inquiétudes émergent quant au manque de clarté dans le processus de sélection. En l’absence d’un organe de contrôle indépendant ou de publication détaillée des résultats, certaines personnes expriment des doutes sur l’équité et la transparence de l’initiative, ce qui peut nuire à la confiance du public.
Ce manque de transparence nuit à la crédibilité de la politique de santé publique. Comment garantir un service de qualité si l’on ne sélectionne pas les meilleurs profils ? Comment motiver les jeunes sages-femmes à se former et à s’investir, si leur avenir dépend davantage de leur carnet d’adresses que de leur compétence ?
Dans plusieurs pays africains, comme le Rwanda ou le Ghana, des réformes ont permis de professionnaliser le recrutement dans la santé, en publiant les critères de sélection, en organisant des concours anonymes, et en assurant une répartition équitable des affectations. Ces pays enregistrent aujourd’hui de meilleurs résultats sanitaires, preuve que rigueur et justice peuvent aller de pair.
Le Sénégal gagnerait à s’inspirer de ces modèles vertueux, au lieu de perpétuer un système où l’arbitraire prévaut trop souvent.
Oui, nous avons besoin de plus de sages-femmes. Mais nous avons surtout besoin d’un système honnête, méritocratique et équitable. L’égalité des chances ne peut être un simple slogan. Le gouvernement doit immédiatement publier les critères et les résultats du recrutement, mettre en place des mécanismes de recours pour les candidates lésées, et instaurer un système de contrôle rigoureux et indépendant.
Ne pas le faire, c’est saboter l’avenir de notre système de santé. Pire encore, c’est trahir la confiance des citoyens qui espèrent, eux aussi, un pays plus juste. La santé publique ne doit pas être sacrifiée sur l’autel de la politique. Agissons tant qu’il est encore temps.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Fatimata D.
Mis en ligne : 12/08/2025
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