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L’annonce récente de la saisie à Saly d’une importante cargaison de médicaments non autorisés, accompagnée de l’arrestation de deux individus, a été présentée comme une victoire par les autorités et l’Agence sénégalaise de Réglementation Pharmaceutique (ARP). Si cette opération mérite d’être saluée sur le plan symbolique, elle ne saurait masquer la réalité bien plus alarmante d’un trafic profondément enraciné, organisé et soutenu par des complicités multiples.
Derrière cet épisode médiatisé, c’est un phénomène systémique qui prospère dans l’ombre, mettant en danger la santé publique et nécessitant une réponse radicale et globale.
Le trafic de médicaments illicites au Sénégal n’est pas une nouveauté. Depuis des années, les autorités ferment les yeux, ou peinent à endiguer une circulation massive de produits pharmaceutiques contrefaits, périmés ou simplement non autorisés. Ce commerce parallèle tire profit d’un système de contrôle encore fragile, d’une demande populaire en hausse et d’une accessibilité insuffisante des médicaments légaux, notamment pour les couches les plus vulnérables. La récente loi de juin 2023, censée renforcer le contrôle, peine encore à produire ses effets sur le terrain.
Le fait divers de Saly révèle l’efficacité ponctuelle des forces de l’ordre et de l’ARP, mais il ne doit pas faire oublier l’ampleur du problème. Ce trafic ne se limite pas à des individus isolés pris sur le fait. Il s’agit d’un réseau complexe, souvent transfrontalier, qui bénéficie d’une chaîne logistique bien organisée : importateurs douteux, entrepôts non contrôlés, points de vente dissimulés, et même parfois complicité au sein de structures censées réguler ce commerce. Se contenter des arrestations visibles, c’est refuser de regarder le système qui alimente ce commerce illicite et le rend difficilement contrôlable.
Premièrement, la santé publique est gravement menacée : la consommation de médicaments illicites peut entraîner des intoxications, des échecs thérapeutiques et même des décès. Deuxièmement, l’existence d’un marché noir aussi florissant fragilise les structures légales, réduisant les recettes fiscales et minant la confiance des citoyens envers les institutions. Troisièmement, les politiques publiques actuelles sont insuffisantes : la loi reste peu appliquée, les contrôles douaniers sont contournés, et l’accès aux médicaments officiels demeure coûteux et limité pour une grande partie de la population.
Le Sénégal n’est pas un cas isolé. Dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, le trafic de médicaments illicites est un véritable cancer social et sanitaire. Par exemple, au Nigeria ou en Côte d’Ivoire, des réseaux similaires prolifèrent, avec des conséquences dramatiques sur la santé des populations. Ces pays ont tenté, avec plus ou moins de succès, de renforcer leurs contrôles douaniers, leur législation, et surtout d’améliorer l’accès aux médicaments légaux. Le Sénégal gagnerait à s’inspirer de ces expériences, au lieu de se contenter d’opérations ponctuelles et médiatisées.
Si l’intervention des forces de l’ordre à Saly doit être saluée, elle ne doit en aucun cas servir de prétexte à une satisfaction de façade. Le véritable combat contre le trafic de médicaments illicites nécessite une approche globale : démantèlement des réseaux, renforcement des contrôles aux frontières, assainissement des circuits de distribution, et surtout une politique de santé publique audacieuse rendant les médicaments légaux accessibles à tous.
Tant que ce travail de fond ne sera pas mené avec rigueur, ce trafic continuera à prospérer, au détriment de la santé et de la sécurité des Sénégalais. L’heure n’est plus aux arrestations symboliques, mais à une lutte sans compromis contre un fléau aux conséquences dévastatrices.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Anonyme
Mis en ligne : 13/08/2025
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