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Le Magal, événement spirituel par excellence, est de plus en plus rattrapé par une logique de consommation ostentatoire et de médiatisation personnelle. Ce qui devrait être un moment de recueillement se transforme, pour certains, en une scène où l’apparence prime sur la foi.
Le Grand Magal de Touba, commémoration du départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba, rassemble chaque année des millions de fidèles. Historiquement, il s’inscrit dans une tradition d’humilité, de solidarité et de piété. Les pèlerins y viennent pour exprimer leur reconnaissance, méditer et renforcer leur lien spirituel. Pourtant, depuis quelques années, un changement s’opère : la mise en scène personnelle, l’exhibition de richesses et la recherche effrénée de visibilité prennent le pas sur la dimension religieuse.
L’exemple de certaines figures publiques illustre cette tendance. Avant même le début du Magal, elles publient sur les réseaux sociaux des images de bijoux en or étincelants, de demeures luxueuses fraîchement construites ou de tenues coûteuses, comme si la préparation matérielle devait surpasser la préparation spirituelle. Ce comportement donne l’impression que le pèlerinage devient un défilé de mode où l’objectif est de marquer les esprits par l’apparence plutôt que par la sincérité de la dévotion.
Dans d’autres grands rassemblements religieux, qu’il s’agisse de pèlerinages chrétiens ou musulmans, l’humilité et la simplicité sont la norme. Les fidèles y mettent un point d’honneur à effacer les signes extérieurs de richesse pour mieux se concentrer sur la prière et l’introspection. Le contraste est frappant. Quand la prière cède la place aux selfies et aux bijoux hors de prix, que reste-t-il de l’enseignement de Cheikh Ahmadou Bamba ?
Cette évolution comporte plusieurs dangers. Elle dilue la portée spirituelle du Magal en déplaçant l’attention des valeurs religieuses vers le culte de l’image. Elle accentue les inégalités entre ceux qui peuvent se mettre en scène et ceux qui n’en ont pas les moyens, créant un sentiment de hiérarchie contraire à l’égalité prônée par le mouridisme. Elle banalise également le caractère sacré de l’événement, le transformant en une vitrine sociale où la foi devient décor. Enfin, elle offre aux jeunes générations un modèle qui privilégie l’apparence au détriment de l’engagement sincère et discret.
Il faut donc revenir à l’esprit originel du Magal : un moment de foi intense, de recueillement collectif et de solidarité sincère. Plutôt que de rivaliser en faste, chacun devrait se souvenir que la grandeur de cet événement réside dans sa capacité à rassembler autour d’un idéal spirituel. Les bijoux, les demeures et les tenues coûteuses s’effaceront avec le temps, mais l’empreinte d’un cœur sincèrement tourné vers Dieu, elle, restera.
Ne laissons pas la lumière des bougies de nos prières être éclipsée par les reflets éphémères de l’ostentation. Le Magal mérite mieux que d’être réduit à une scène où l’on se montre ; il doit rester ce qu’il a toujours été : un appel à l’humilité, à la foi et au service désintéressé.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Marème Sall.
Mis en ligne : 21/08/2025
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