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La récente déclaration de Franc, affirmant qu’il ne souhaitait pas affronter Balla Gaye 2 sous prétexte qu’il ne « tire pas sur un cadavre », a de quoi surprendre. Présentée comme un acte de noblesse sportive, cette posture apparaît surtout comme une stratégie d’évitement déguisée en grandeur. Derrière les mots choisis se cache une forme d’arrogance mal placée, qui soulève des questions sur les valeurs réelles de la lutte sénégalaise et sur l’éthique de ses champions.
Si Franc se présente comme un gladiateur invincible, son refus d’affronter un adversaire affaibli révèle en réalité une peur subtile : celle de ne pas être à la hauteur, même face à un Balla Gaye 2 en perte de vitesse.
La lutte avec frappe, sport roi au Sénégal, dépasse largement le cadre d’un simple divertissement. Elle incarne des valeurs de courage, de respect et de dépassement de soi, transmises de génération en génération. Des figures emblématiques comme Yékini ou Tyson ont marqué l’histoire en affrontant tous leurs adversaires, quels que soient leur statut ou leur état de forme. Ces lutteurs ont bâti leur légende en prouvant que la grandeur se mesure autant par les victoires que par l’attitude face aux défis.
Or, ces dernières années, la discipline semble de plus en plus dominée par des logiques médiatiques et commerciales. Les combats sont parfois organisés comme des spectacles calibrés, où le risque réel est minimisé au profit de l’attrait publicitaire. Dans ce contexte, le refus de Franc d’affronter Balla Gaye pose question. S’agit-il vraiment de respect pour son aîné ou d’un calcul visant à préserver une image d’invincibilité ?
Balla Gaye 2, malgré ses revers récents, reste un symbole du sport sénégalais. Ses victoires, ses défaites et son parcours ont contribué à écrire l’histoire de la lutte. Le qualifier de « cadavre » dépasse le simple registre de la provocation : c’est une offense à l’héritage qu’il représente. Pourtant, Franc préfère rechercher un adversaire plus « vendeur », comme Tapha Tine, pour alimenter le spectacle. Mais à quel prix ?
Franc justifie son choix en affirmant vouloir un combat où il serait l’outsider, un défi capable de surprendre le public. Cette posture, pourtant, est profondément contradictoire. Un vrai champion n’évalue pas ses adversaires selon leur cote médiatique ou leur état de forme ; il les affronte, point. En refusant Balla Gaye 2, Franc n’exprime pas de la grandeur, mais une prudence calculée, un désir de maintenir son aura intacte.
Son expression « on ne tire pas sur un cadavre » est choc, mais vide de sens dans le contexte sportif. Le respect dans le sport se mesure non pas à la difficulté de l’adversaire, mais à la considération qu’on lui accorde. Les plus grands athlètes, qu’ils soient boxeurs, footballeurs ou judokas, affrontent des adversaires moins bien classés sans jamais les mépriser. Mohamed Ali, par exemple, a combattu des boxeurs en fin de carrière sans les rabaisser. De même, des stars du football comme Lionel Messi ou Cristiano Ronaldo honorent chaque match, quel que soit le niveau de l’opposition. Franc, lui, préfère se présenter en héros tout en évitant soigneusement tout risque.
Premièrement, refuser un adversaire sous prétexte qu’il est affaibli constitue une insulte à l’histoire du sport. Balla Gaye 2, même diminué, mérite un traitement respectueux. Cette attitude envoie un message dangereux : dans la lutte, seuls les « forts » mériteraient l’attention. Les autres peuvent être ignorés ou humiliés.
Deuxièmement, ce comportement révèle une peur de l’échec déguisée en ambition. Franc souhaite un combat où il serait considéré perdant d’avance, pour ensuite briller en cas de victoire. Mais que se passera-t-il s’il échoue ? Son image d’outsider héroïque s’effondrera, et ses déclarations actuelles apparaîtront pour ce qu’elles sont : de simples effets de communication. Les vrais champions n’ont pas besoin de scénarios ; ils gagnent par leur talent et leur courage.
Enfin, cette posture nuit à la lutte sénégalaise elle-même. En privilégiant des duels spectaculaires au détriment d’affrontements équilibrés ou symboliques, les lutteurs transforment leur discipline en simple divertissement. Les fans, eux, sont les grands perdants : privés de confrontations authentiques, ils doivent se contenter de la mise en scène des stars.
Dans la boxe, Floyd Mayweather a été critiqué pour éviter certains adversaires, mais il a fini par affronter Manny Pacquiao sous la pression du public. Au football, les stars jouent chaque match avec sérieux, même contre des équipes modestes. La lutte sénégalaise a toujours été plus qu’un sport : une institution. La réduire à des combats calculés, c’est trahir son âme. Ailleurs en Afrique, comme au Nigeria avec le wrestling traditionnel, ou en Europe avec la boxe, le respect de l’adversaire est une règle d’or. Franc ferait bien de s’en inspirer.
Franc a le droit de choisir ses adversaires, mais pas de le faire avec mépris. Son refus d’affronter Balla Gaye 2 n’est pas un acte de noblesse, mais une preuve d’arrogance. La vraie grandeur sportive se mesure à la manière dont on traite ses adversaires, pas seulement à la difficulté des défis relevés. La lutte sénégalaise a besoin d’humilité et de champions qui honorent son histoire. Tant que Franc privilégiera l’arrogance au respect, il ne sera qu’un lutteur de plus, prisonnier de son propre mythe. Il faut que les champions se souviennent d’où ils viennent et à qui ils doivent leur gloire, sous peine de voir le public leur tourner le dos.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Ndiaye Diatta.
Mis en ligne : 26/08/2025
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