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L’annonce du retour de Cheikhou Kouyaté, ancien capitaine des Lions de la Téranga et champion d’Afrique en 2022, dans un club de deuxième division turque, accompagnée de sa reconversion dans l’immobilier, a été présentée comme une succès story moderne. Pourtant, derrière cette image lissée se cache une réalité plus amère : celle d’un joueur emblématique, comme tant d’autres avant lui, confronté à la rapidité avec laquelle les héros sportifs africains sont oubliés ou relégués une fois leur valeur marchande diminuée.
Si Kouyaté incarne aujourd’hui le « joueur-entrepreneur », son parcours post-CAN 2022 interroge sur le sort réservé aux stars africaines après leur apogée, et sur le rôle des fédérations et des médias dans cette désillusion collective.
Sacré champion d’Afrique il y a à peine trois ans, Kouyaté a marqué l’histoire du football sénégalais. Son leadership, son engagement, et son parcours en Europe (Anderlecht, West Ham, Crystal Palace, Nottingham Forest) en ont fait une figure respectée. Pourtant, depuis son départ de Nottingham Forest en 2024, le milieu défensif a peiné à trouver un club à la hauteur de son statut. Son choix de rejoindre Amedspor, en TFF 1. Lig, et son investissement immobilier, bien que louables, révèlent une vérité crue : pour les joueurs africains, même les plus décorés, la transition vers l’après-carrière est souvent synonyme de précarité et d’isolement.
De nombreux footballeurs africains, après des carrières brillantes, sombrent dans l’oubli ou la ruine financière. Des exemples comme Emmanuel Eboué, Taribo West, ou Ifeanyi Udeze, tous passés par des clubs européens prestigieux avant de tout perdre, illustrent ce phénomène récurrent. Ces destins brisés ne sont pas le fruit du hasard, mais le résultat d’un système qui exploite les talents africains sans leur offrir de filet de sécurité. Les fédérations nationales, censées les accompagner, brillent souvent par leur absence. La Confédération africaine de football (CAF) et les instances locales se concentrent sur les compétitions et les transferts, mais négligent la formation à la gestion de carrière et la reconversion. Les médias, quant à eux, célèbrent les exploits sportifs, mais se désintéressent rapidement des joueurs une fois leur utilité médiatique épuisée.
L’absence de structures d’accompagnement : Contrairement à leurs homologues européens, les joueurs africains bénéficient rarement de programmes de reconversion ou de soutien psychologique. Les fédérations, souvent sous-financées et mal gérées, ne proposent ni formation ni suivi post-carrière.
Les médias africains et internationaux mettent en avant les succès, mais ignorent les difficultés des anciens joueurs. Une fois la lumière des projecteurs éteinte, ces derniers doivent se débrouiller seuls, comme en témoignent les rares exceptions (Didier Drogba, Yaya Touré) qui ont su bâtir une seconde carrière.
Beaucoup se tournent vers l’immobilier, comme Kouyaté, faute de mieux. Pourtant, sans expertise, ces investissements peuvent virer au cauchemar, comme l’ont vécu plusieurs de ses prédécesseurs.
Les héros d’hier deviennent des figures fantômes. Peu de fédérations organisent des hommages ou des programmes pour valoriser leur héritage, et encore moins pour les intégrer dans des rôles d’encadrement ou de mentorat.
Cette situation n’est pas propre au Sénégal. Au Nigeria, au Cameroun, ou en Côte d’Ivoire, d’anciens internationaux se retrouvent sans ressources, sans emploi, et parfois sans logement. Les fédérations, souvent minées par des conflits internes et une gouvernance opaque, échouent à capitaliser sur l’expérience de ces joueurs pour inspirer les nouvelles générations. En Europe, les joueurs africains, malgré leur contribution majeure, restent sous-représentés dans les postes d’entraîneurs ou de dirigeants, en raison de barrières structurelles et de stéréotypes persistants.
Le cas de Cheikhou Kouyaté doit servir d’électrochoc. Son parcours, entre retour en deuxième division et reconversion immobilière, n’est pas une réussite, mais le symptôme d’un système défaillant. Il faut que les fédérations africaines, la CAF, et les médias assument leur responsabilité : créer des programmes de reconversion, valoriser l’héritage des anciens joueurs, et offrir des opportunités réelles pour qu’ils restent actifs dans le football. Sans cela, le continent continuera de produire des talents éphémères, célébrés un jour, oubliés le lendemain.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Diop.
Mis en ligne : 28/08/2025
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