2 ans de prison pour une prière manquée : La Malaisie franchit une ligne rouge - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Insolite | Par Eva | Publié le 30/08/2025 01:08:00

2 ans de prison pour une prière manquée : La Malaisie franchit une ligne rouge

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L’État malaisien de Terengganu a récemment annoncé son intention de sanctionner les musulmans qui ne se rendent pas à la prière du vendredi. Désormais, une seule absence non justifiée pourra entraîner jusqu’à deux ans de prison et une amende équivalente à 600 euros. Présentée comme une mesure visant à renforcer la moralité publique, cette décision représente en réalité une ingérence inacceptable de l’État dans la pratique religieuse.

Elle transforme un acte de foi en obligation légale. Si la prière du vendredi est effectivement considérée comme un devoir religieux, son respect ne saurait être imposé par la force, sous peine de vider la dévotion de sa sincérité et de bafouer la liberté individuelle. Cette décision soulève une question fondamentale : jusqu’où l’État peut-il légiférer sur la conscience des citoyens ?

La Malaisie est souvent citée en exemple pour sa coexistence pacifique entre différentes communautés religieuses. Pourtant, l’islam y est religion officielle et certains États, comme Terengganu, appliquent une version stricte de la charia. Jusqu’à présent, seules les absences répétées à la prière du vendredi pouvaient être sanctionnées, et cela restait rare. Aujourd’hui, une seule absence suffit pour risquer l’emprisonnement. Ce durcissement s’inscrit dans une tendance plus large de renforcement des contrôles religieux, portée par le parti islamiste qui domine sans opposition l’Assemblée locale.

La prière, avant tout, est un acte de conviction personnelle. Forcer son respect par la menace de la prison ou de l’amende revient à nier l’essence même de la spiritualité, qui repose sur l’adhésion libre et sincère. Une telle mesure risque d’installer une hypocrisie sociale où les fidèles se rendraient à la mosquée par peur de la sanction, et non par piété. Elle trahit donc autant l’esprit de la religion que les principes de liberté individuelle.

Les arguments contre cette décision sont nombreux. Elle porte atteinte à la liberté religieuse, qui doit rester une affaire de conscience et de choix personnel. Elle constitue un précédent dangereux, car elle ouvre la voie à d’autres ingérences dans la vie privée des citoyens. Elle repose sur une logique de coercition, alors que l’histoire a montré que la contrainte religieuse ne produit pas la dévotion, mais le ressentiment ou l’indifférence.

À l’international, de nombreux pays musulmans adoptent une approche différente. En Turquie, en Tunisie ou au Maroc, la prière reste un acte volontaire, sans sanction pénale. Même en Arabie Saoudite, pourtant connue pour sa rigueur religieuse, les sanctions liées à l’absence à la prière ne sont ni systématiques ni aussi lourdes. La Malaisie, en optant pour la répression, se place à contre-courant des valeurs de tolérance et de liberté qu’elle aime mettre en avant.

La décision de Terengganu constitue donc une régression inquiétante, qui menace l’équilibre multiconfessionnel du pays et les droits fondamentaux de ses citoyens. La foi ne peut être imposée par la loi ; elle doit être le fruit d’un choix libre et éclairé.

Plutôt que de recourir à la prison ou aux amendes, les autorités gagneraient à promouvoir la piété par l’éducation et le dialogue. Il faut que la société civile, les juristes et les défenseurs des droits humains se mobilisent pour défendre la liberté de conscience. La prière du vendredi doit rester un acte de foi, non une obligation légale.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Souleymane Barry.
Mis en ligne : 30/08/2025

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