L’assainissement oublié dans la lutte : Le paludisme résiste toujours - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Santé | Par Eva | Publié le 31/08/2025 06:08:00

L’assainissement oublié dans la lutte : Le paludisme résiste toujours

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Près de 5 000 cas de paludisme ont été enregistrés en six mois dans le district sanitaire de Diourbel, avec 95 % des infections concentrées dans trois communes. Face à cette situation alarmante, les autorités misent sur des campagnes de chimio-prévention et la distribution de moustiquaires imprégnées. Pourtant, malgré ces efforts, le nombre de cas reste élevé, surtout chez les enfants. Le Sénégal mise-t-il sur les bonnes armes pour combattre le paludisme, ou se contente-t-il de reproduire des schémas inefficaces ?

Le paludisme reste un fléau majeur au Sénégal, particulièrement dans les régions sahéliennes et le sud-est. Chaque année, près d’un million de cas sont recensés, avec une forte mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. Les stratégies actuelles (moustiquaires, chimio-prévention, traitements précoces) ont permis des progrès, mais l’incidence reste élevée, surtout dans les zones à forte pluviométrie comme Diourbel, Pattar et Tocky. La raréfaction des ressources et la dépendance aux financements extérieurs aggravent la situation, soulignant l’urgence d’innover.

Les moustiquaires imprégnées, souvent présentées comme la solution miracle, montrent leurs limites. Leur efficacité dépend de leur bonne utilisation et de leur renouvellement régulier, ce qui n’est pas toujours garanti. De plus, l’apparition de résistances aux insecticides et la présence de moustiques vecteurs urbains, comme l’Anopheles stephensi, remettent en cause leur efficacité à long terme. La chimio-prévention saisonnière, bien qu’utile, reste une mesure ponctuelle et ne résout pas le problème de fond : l’environnement propice à la prolifération des moustiques.

Peu d’investissements sont consacrés à l’assainissement des zones à risque (eaux stagnantes, déchets, canaux non entretenus), pourtant essentiel pour réduire les gîtes larvaires. Des pays comme le Togo ont prouvé que combiner assainissement, moustiquaires et innovations médicales permettait de réduire significativement l’incidence du paludisme.

Le Sénégal a lancé en 2025 le déploiement du vaccin R21, efficace à 85 %, et développe des outils de surveillance génomique pour mieux cibler les interventionsafricanova.info+2. Pourtant, ces avancées restent limitées par un manque de financement et de coordination. Les moustiques génétiquement modifiés, testés avec succès au Burkina Faso et à Djibouti, pourraient être une piste, mais leur adoption se heurte à des réticences et à un cadre réglementaire encore flou.

Le Togo, grâce à une stratégie intégrée (moustiquaires, assainissement, vaccination, gratuité des soins), a réduit son incidence de 286 à 258 cas pour 1 000 habitants entre 2023 et 2024, et sa mortalité de 15 % à 11,7 %. L’Afrique du Sud, elle, a presque éradiqué le paludisme en combinant lutte anti-vectorielle, surveillance renforcée et traitement précoce. Ces exemples montrent qu’une approche multidimensionnelle est possible et efficace.

Le Sénégal ne peut se contenter de répéter les mêmes recettes. Pour vaincre le paludisme, il doit investir massivement dans l’assainissement, accélérer la recherche sur les vaccins et les moustiques modifiés, et renforcer la coordination entre acteurs locaux et internationaux. La solution ne réside pas dans une seule méthode, mais dans une combinaison intelligente et adaptée aux réalités locales. Sans cela, Diourbel et d’autres zones continueront de payer un lourd tribut à cette maladie évitable.

Pourquoi le Sénégal tarde-t-il à adopter une stratégie aussi ambitieuse que celle du Togo ou de l’Afrique du Sud, alors que les outils existent ? La réponse ne tient-elle pas à un manque de volonté politique et de moyens alloués à l’innovation ?

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ngor Dieng.
Mis en ligne : 31/08/2025

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