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La récente garde à vue de la chanteuse Bibiche Ndiaye, suite à la diffusion de son clip « Fumu daal baxna », a suscité un vif débat au Sénégal. Si certains y voient une atteinte à la liberté artistique, une analyse plus fine révèle une stratégie mal calculée, où la recherche de notoriété rapide a pris le pas sur la réflexion et le respect des normes sociales. Bibiche Ndiaye et son entourage ont sous-estimé les conséquences de leurs choix, confondant provocation et talent, et ignoré les spécificités culturelles du pays.
Au Sénégal, la musique est bien plus qu’un divertissement : elle est un vecteur de valeurs, de traditions et d’identité. Dans ce contexte, le clip de Bibiche Ndiaye, jugé provocateur, a heurté une partie de la population, provoquant des plaintes et une intervention judiciaire. Pourtant, cette polémique n’est pas une fatalité. D’autres artistes, avant elle, ont su innover sans froisser les sensibilités locales. Le problème n’est donc pas l’audace artistique, mais l’absence de discernement dans sa mise en œuvre.
La jeune artiste, âgée d’à peine 17 ans, semble avoir cru que le scandale suffirait à propulser sa carrière. Une erreur de jugement qui interroge : son entourage a-t-il vraiment évalué les risques, ou a-t-il délibérément misé sur la polémique pour gagner en visibilité ? L’illusion du raccourci vers la gloire Bibiche Ndiaye n’est pas la première à tenter de percer grâce à la provocation.
Cependant, là où des artistes ont su adapter leur image selon les publics et les contextes, elle a choisi une voie plus risquée, sans filet. Son clip, loin d’être une œuvre subversive ou engagée, apparaît comme une accumulation de clichés calculés pour choquer. Pourtant, au Sénégal, où la religion et les traditions pèsent lourd dans le débat public, une telle approche est rarement couronnée de succès.
Les réactions des figures religieuses et du Comité de défense des valeurs morales en sont la preuve : la société sénégalaise n’est pas prête à accepter une provocation gratuite, surtout quand elle semble dénuée de message fort. Son refus initial de répondre à la convocation des enquêteurs aggrave encore son cas. Plutôt que d’assumer ses choix ou d’engager un dialogue, elle a préféré l’esquive, comme si la polémique pouvait se gérer par l’ignorance. Une attitude qui trahit un manque de préparation et une méconnaissance des dynamiques locales. Son entourage, censé la guider, a-t-il minimisé les risques juridiques et sociaux ? Tout porte à le croire. Dans un pays où la justice et l’opinion publique sont étroitement liées, une telle négligence relève de l’amateurisme.
La provocation peut être un outil marketing, mais elle exige une maîtrise parfaite du contexte. Aux États-Unis ou en Europe, des artistes comme Miley Cyrus ou Cardi B ont bâti leur carrière sur des images transgressives, mais dans des sociétés où les normes sont différentes. Au Sénégal, où la bienséance publique reste une valeur centrale, une telle approche est un pari dangereux. Bibiche Ndiaye a visiblement surestimé la tolérance de son public, ou sous-estimé l’influence des leaders religieux et des gardiens des mœurs.
Un artiste émergent a besoin d’un entourage expérimenté pour naviguer entre créativité et respect des limites sociales. Or, dans cette affaire, son équipe semble avoir privilégié le buzz immédiat à une construction durable. Où sont les conseillers capables de lui expliquer que la notoriété se construit aussi par le respect et le dialogue ? Où sont les mentors pour lui rappeler que des artistes comme Youssou N’Dour ou Viviane Chidid ont marqué l’histoire sans recourir à des artifices provocateurs ?
Contrairement à d’autres pays où la liberté artistique est presque absolue, le Sénégal impose des règles implicites. Les artistes qui les ignorent s’exposent à des revers, comme en témoignent les affaires passées. Bibiche Ndiaye aurait pu s’inspirer de ces exemples pour éviter les pièges. Au lieu de cela, elle a choisi la facilité, pensant que le scandale lui ouvrirait toutes les portes. Une illusion qui pourrait bien lui coûter cher, tant sur le plan juridique que professionnel.
Quand d’autres ont su doser l’audace Maitre Gims, par exemple, a su évoluer entre différents univers musicaux et publics, adaptant son image sans renier ses origines. De même, des artistes sénégalais comme Xuman ou Keur Gui ont poussé les limites de la critique sociale, mais toujours avec intelligence et respect. Leur succès tient à leur capacité à interpeller sans braquer. Bibiche Ndiaye, elle, a préféré le raccourci. Résultat : au lieu d’une carrière prometteuse, elle se retrouve au cœur d’une polémique stérile, où l’art passe au second plan.
La leçon de cette affaire est claire : la célébrité ne s’obtient pas par la provocation seule, mais par le travail, la cohérence et le respect de son public. Bibiche Ndiaye et son entourage doivent comprendre que le Sénégal attend de ses artistes bien plus qu’un simple coup d’éclat. Il est temps pour elle de prendre du recul, de s’entourer de personnes compétentes, et de construire une image qui allie audace et respect.
Le talent ne se mesure pas à la capacité de choquer, mais à celle de marquer les esprits par la qualité et la pertinence. Si Bibiche Ndiaye veut une carrière durable, elle devra apprendre cette différence. Sinon, elle risque de rester prisonnière de son propre scandale, un piège dont peu d’artistes parviennent à s’échapper.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Tabara M.
Mis en ligne : 31/08/2025
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