2026, fin des importations de gaz : Choix risqués du Sénégal - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Economie | Par Eva | Publié le 02/09/2025 12:09:00

2026, fin des importations de gaz : Choix risqués du Sénégal

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Le Premier ministre Ousmane Sonko a récemment annoncé que le Sénégal mettra fin aux importations de gaz dès 2026, s’appuyant sur les ressources locales des champs GTA et Yakaar-Teranga pour renforcer la souveraineté énergétique et réaliser des économies substantielles. Si cette décision peut sembler séduisante à première vue, elle soulève une question fondamentale : en misant tout sur le gaz, le Sénégal ne rate-t-il pas une opportunité historique de développer massivement les énergies renouvelables, secteur où le pays dispose d’un potentiel énorme et où les coûts ne cessent de baisser ?

Le Sénégal s’est engagé, comme la plupart des pays du monde, à réduire ses émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de l’Accord de Paris. Le pays a révisé sa Contribution Déterminée au niveau National (CDN) pour affiner sa riposte aux menaces climatiques, avec des objectifs ambitieux de réduction des émissions et de renforcement de la résilience climatique. Pourtant, malgré ces engagements, la stratégie actuelle privilégie l’exploitation des ressources fossiles, au risque de compromettre la transition écologique et de s’éloigner des objectifs climatiques internationaux.

L’argument central du gouvernement repose sur l’idée que l’exploitation du gaz local permettra de réaliser des économies (140 milliards de FCFA par an) et de réduire le coût de l’électricité. Cependant, cette vision occulte plusieurs réalités :

Le gaz reste une énergie fossile, dont la combustion contribue au réchauffement climatique. Le Sénégal, déjà classé parmi les pays les plus vulnérables aux impacts climatiques, ne peut se permettre de renforcer sa dépendance aux énergies carbonées.

Les champs gaziers, bien que prometteurs, ne garantissent pas une indépendance énergétique durable. Leur exploitation dépend de facteurs techniques, économiques et géopolitiques, et leur production pourrait ne pas suffire à couvrir la demande nationale à moyen terme.

Les économies annoncées pourraient être contrebalancées par les coûts environnementaux et sanitaires liés à la pollution, ainsi que par les risques de dépendance aux multinationales qui contrôlent l’extraction et la commercialisation du gaz.

Pourquoi ne pas investir massivement dans le solaire et l’éolien ?
Le Sénégal dispose d’un potentiel solaire et éolien exceptionnel, parmi les plus élevés d’Afrique. Le pays bénéficie d’un ensoleillement quasi permanent dans les zones sahéliennes et de vents réguliers dans le nord, idéaux pour le développement de parcs solaires et éoliens à grande échelle. Des projets comme la centrale solaire de Bokhol (30 MW) ou le parc éolien de Taïba N’Diaye (158 MW) ont déjà démontré la viabilité de ces technologies, qui offrent une alternative propre, renouvelable et de plus en plus compétitive.

Les coûts des énergies renouvelables ont chuté de manière spectaculaire ces dernières années. Selon l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA), le solaire et l’éolien sont désormais souvent moins chers que les nouvelles centrales à gaz, même sans subventions. En 2025, près d’un quart de l’électricité sénégalaise provient déjà de sources low-carbon, et cette part pourrait croître rapidement avec des investissements ciblés.

Plutôt que de subventionner le gaz, le Sénégal aurait tout intérêt à réorienter ces fonds vers les énergies vertes. Les subventions aux énergies fossiles, en plus d’être contraires aux engagements climatiques, freinent l’innovation et maintiennent le pays dans un modèle énergétique obsolète. À l’inverse, investir dans le solaire et l’éolien créerait des emplois locaux, réduirait la pollution et positionnerait le Sénégal comme un leader régional de la transition écologique.

D’autres pays africains, comme le Maroc, ont fait le choix de diversifier leur mix énergétique en misant sur le solaire et l’éolien, avec des résultats probants. Le Maroc a ainsi développé l’un des plus grands parcs solaires au monde (Noor Ouarzazate) et vise une part majoritaire d’énergies renouvelables dans son mix électrique d’ici 2030. Ces exemples montrent qu’une transition rapide vers les renouvelables est non seulement possible, mais aussi économiquement avantageuse.

En concentrant ses efforts sur le gaz, le Sénégal risque de manquer une chance unique de sauter l’ère des énergies fossiles pour embrasser pleinement les énergies propres. Plutôt que de reproduire les erreurs du passé, le pays devrait accélérer sa transition vers le solaire et l’éolien, secteurs où il dispose d’atouts majeurs. Cela permettrait de concilier souveraineté énergétique, développement économique et respect des engagements climatiques. La véritable indépendance énergétique ne passera pas par le gaz, mais par une diversification intelligente et durable du mix électrique, centrée sur les ressources renouvelables et les technologies de demain.

La décision de 2026 n’est pas encore gravée dans le marbre. Il est encore temps de corriger la trajectoire et de faire le choix d’un avenir énergétique propre, résilient et inclusif. Le Sénégal a les moyens de devenir un modèle en Afrique : saura-t-il saisir cette opportunité ?

Les économies annoncées pourraient être contrebalancées par les coûts environnementaux et sanitaires liés à la pollution, ainsi que par les risques de dépendance aux multinationales qui contrôlent l’extraction et la commercialisation du gaz.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ba Sarr.
Mis en ligne : 02/09/2025

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