Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Le Sénégal vient d’enregistrer son premier cas confirmé de Mpox, une maladie qui circule depuis des années en Afrique centrale et de l’Ouest, et qui a déjà provoqué des milliers de cas et des centaines de décès sur le continent en 2024 et 2025. Les autorités sanitaires ont réagi en identifiant 25 contacts à surveiller, mais cette annonce soulève une question cruciale : le pays a-t-il vraiment tiré les leçons des crises sanitaires passées, comme Ebola ou le Covid-19, pour anticiper plutôt que subir les épidémies ?
La Mpox n’est pas une nouvelle menace. Depuis 2022, l’Afrique fait face à une recrudescence sans précédent de cette maladie, avec une augmentation de 160 % des cas en 2024 par rapport à l’année précédente, et plus de 3 000 cas signalés chaque semaine en 2025. La République démocratique du Congo (RDC), épicentre de l’épidémie, a renforcé ses laboratoires, passant de 2 à 23 structures capables de diagnostiquer la Mpox, et activé des centres d’opérations d’urgence pour coordonner la riposte.
Le Nigeria, de son côté, a lancé des campagnes de vaccination ciblées et mis en place des protocoles de surveillance renforcés. Pourtant, au Sénégal, c’est seulement après l’apparition d’un premier cas que les investigations commencent, comme si chaque épidémie était une surprise.
Le Sénégal a souvent été salué pour sa réactivité pendant le Covid-19, grâce à des leçons tirées d’Ebola : création d’un centre des opérations d’urgence sanitaire, renforcement de la surveillance communautaire, et coordination entre acteurs. Mais force est de constater que ces avancées n’ont pas suffi à instaurer une véritable culture de prévention. Pourquoi attendre qu’un cas soit confirmé pour agir ? Pourquoi ne pas avoir anticipé la menace, alors que l’OMS et le CDC Afrique alertent depuis des mois sur le risque de propagation régionale ?
La réponse semble être un mélange de manque de moyens et de priorités mal définies. Contrairement à la RDC ou au Nigeria, qui ont investi dans des stocks de vaccins et des systèmes d’alerte précoce, le Sénégal semble encore dépendre d’une approche réactive, où l’on court après les épidémies plutôt qu’on ne les devance. Pourtant, les outils existent : surveillance renforcée aux frontières, formation des soignants, communication proactive avec les populations. Mais leur mise en œuvre reste lente, voire absente, en dehors des périodes de crise.
Alors que la Mpox circule activement en Afrique de l’Ouest et centrale, le Sénégal n’a pas mis en place de campagne de vaccination préventive, ni de dépistage systématique dans les zones à risque. Pourtant, des pays comme le Nigeria ont montré qu’il était possible de cibler les populations les plus exposées, même avec des ressources limitées. Le pays semble attendre les déclarations de l’OMS ou du CDC Afrique pour se mobiliser, plutôt que d’agir en amont. Cette attitude passive contraste avec l’urgence déclarée par l’Union africaine et l’OMS, qui appellent depuis 2024 à une riposte continentale coordonnée.
Si la Mpox se propage, le Sénégal devra gérer une nouvelle épidémie en plus des défis existants (paludisme, choléra, etc.). Or, les leçons du Covid-19 ont montré que les systèmes de santé africains, déjà fragiles, peinent à absorber des chocs supplémentaires.
Le premier cas de Mpox au Sénégal doit servir de signal d’alarme. Il est temps de passer d’une logique de réaction à une stratégie d’anticipation. Cela implique de renforcer la surveillance épidémiologique en temps réel, notamment aux frontières et dans les zones densément peuplées, d’investir dans des stocks de vaccins et de traitements, en collaboration avec les partenaires internationaux, pour éviter de dépendre des dons de dernière minute, et de sensibiliser massivement les populations sur les symptômes et les gestes barrières, sans attendre que la maladie s’installe.
Le Sénégal a les moyens d’éviter de répéter les erreurs du passé. Mais pour cela, il doit cesser de considérer les épidémies comme des crises ponctuelles et les traiter comme des risques permanents, nécessitant une vigilance constante. La santé publique ne se gère pas dans l’urgence : elle se prépare, s’anticipe, et se protège. Le temps de l’improvisation doit laisser place à une véritable politique de prévention, avant qu’il ne soit trop tard.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Anta Samaké.
Mis en ligne : 02/09/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





