Une course sans fin de l’impunité : Affaire Papa Massata Diack - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Sport | Par Eva | Publié le 07/09/2025 06:09:48

Une course sans fin de l’impunité : Affaire Papa Massata Diack

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Le procès en appel de Papa Massata Diack, fils de l’ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), a une nouvelle fois été reporté, cette fois au 8 décembre 2025. Ce nouveau délai, obtenu par ses avocats, prolonge une affaire qui traîne depuis 2015 et qui a déjà profondément ébranlé la crédibilité de l’athlétisme mondial. Pourtant, malgré les condamnations répétées et les preuves accablantes, les principaux responsables de ce vaste système de corruption et de dopage semblent toujours échapper à une justice rapide et exemplaire.

Ce report n’est pas seulement une manœuvre dilatoire de plus : il est le symbole d’une impunité persistante, d’un système qui protège les siens, et d’une défiance croissante envers les institutions sportives.

L’affaire Diack, révélée en 2015, a mis au jour un système organisé de corruption au sein de l’IAAF (devenue World Athletics), visant à couvrir des cas de dopage sanguin d’athlètes russes avant les Jeux olympiques de Londres 2012. Lamine Diack, président de l’IAAF de 1999 à 2015, et son fils Papa Massata Diack, ont été au cœur de ce scandale, aux côtés d’autres hauts responsables comme Habib Cissé et Gabriel Dolle. En 2020, Lamine Diack a été condamné pour corruption passive et blanchiment, tandis que son fils, visé par un mandat d’arrêt international depuis 2016, a écopé en 2023 de cinq ans de prison et d’une amende de 500 000 euros pour corruption, recel et complicité de corruption. Pourtant, la Cour de cassation a annulé en 2024 une partie de sa condamnation pour vice de procédure, offrant ainsi une nouvelle échappatoire à un homme qui continue de clamer son innocence depuis le Sénégal, où il se réfugie.

La mort de Lamine Diack en 2021, sans condamnation définitive, et les reports à répétition du procès de son fils illustrent une justice lente et inefficace face à la corruption sportive. Pendant ce temps, les athlètes propres, ceux qui respectent les règles et subissent des contrôles draconiens, restent les grandes victimes de ce système. Leur confiance dans l’équité du sport est sapée chaque jour un peu plus par ces tergiversations judiciaires et ces peines allégées pour les dirigeants corrompus.

Le dopage russe et la corruption à l’IAAF ont non seulement détruit la crédibilité de l’athlétisme, mais ils ont aussi montré que les dirigeants bénéficient d’un traitement de faveur. Papa Massata Diack, condamné mais toujours libre, incarne cette impunité. Son absence répétée aux audiences et les reports de procès sont autant de signes d’un mépris affiché pour la justice et pour les valeurs du sport. Pendant ce temps, des centaines d’athlètes russes, impliqués malgré eux dans ce système, ont été suspendus, parfois à vie, tandis que ceux qui l’ont organisé et financé continuent de jouer avec les failles judiciaires.

Les scandales de corruption à la FIFA et au CIO ont également révélé des pratiques similaires : des dirigeants accusés de racket, de fraude et de blanchiment, mais souvent acquittés ou condamnés à des peines dérisoires. En 2025, Michel Platini et Sepp Blatter ont ainsi été définitivement acquittés dans l’affaire des 2 millions de francs suisses détournés, après dix ans de procédure. À la FIFA, des dirigeants ont été inculpés pour des faits remontant à 25 ans, mais les condamnations restent rares et légères. Le football, comme l’athlétisme, semble incapable de se réformer en profondeur, préférant protéger ses élites plutôt que de sanctionner les coupables.

Ces affaires révèlent une vérité dérangeante : le sport mondial est gangréné par la corruption, et les institutions chargées de le réguler sont souvent complices, par passivité ou par intérêt. Les fédérations sportives, qui devraient être les garantes de l’éthique, sont devenues des forteresses impénétrables, où les conflits d’intérêts et les passe-droits sont monnaie courante. Les lanceurs d’alerte sont discrédités, les journalistes attaqués, et les réformes promises restent lettre morte.

Le report du procès de Papa Massata Diack est une nouvelle preuve que le système protège les siens. Chaque délai supplémentaire affaiblit un peu plus la crédibilité de la justice et des instances sportives. Pendant ce temps, les athlètes, les supporters et le grand public perdent foi dans l’intégrité du sport. Comment croire en la transparence des compétitions quand ceux qui les organisent sont eux-mêmes corrompus ?

L’affaire Diack est un symptôme d’un mal bien plus profond : la corruption est devenue une maladie chronique du sport mondial. Tant que les responsables ne paieront pas le prix fort de leurs actes, tant que les procédures judiciaires seront interminables et les peines symboliques, la défiance ne fera que grandir. Les institutions sportives et judiciaires doivent agir avec fermeté et rapidité.

Le sport doit retrouver sa crédibilité. Pour cela, il faut briser le cycle de l’impunité, sanctionner exemplairement les coupables, et réformer en profondeur la gouvernance des fédérations. Sinon, le scandale Diack ne sera qu’un épisode de plus dans une longue série de trahisons et le sport, lui, en sortira définitivement perdant.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ousseynou Sow.
Mis en ligne : 07/09/2025

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