Junte intouchable au Mali : L’ONU sonne l’alarme, personne n’agit - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 10/09/2025 01:09:00

Junte intouchable au Mali : L’ONU sonne l’alarme, personne n’agit

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Le 4 septembre 2025, Volker Türk, Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, a tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme : le Mali s’enfonce dans une crise des droits humains et des reculs démocratiques sans précédent. Dans un communiqué percutant, il exhorte les autorités de Bamako à abroger « des mesures problématiques » récemment adoptées, notamment l’attribution d’un mandat présidentiel renouvelable sans élections au chef de la junte, la dissolution des partis politiques et la multiplication des arrestations arbitraires. Pourtant, malgré ces alertes répétées, la répression se poursuit, avec la complicité passive des acteurs régionaux et internationaux. Face à cette impunité, une question s’impose : qui écoute vraiment ?

Depuis le coup d’État de 2020, le Mali est dirigé par une junte militaire qui, loin de rétablir l’ordre constitutionnel, a méthodiquement verrouillé le pouvoir. En juillet 2025, une loi a été promulguée pour maintenir le général Assimi Goïta à la tête de l’État jusqu’en 2030, sans consultation électorale. Les partis politiques ont été dissous, les voix critiques muselées, et les arrestations arbitraires se multiplient. Selon l’ONU, des « centaines d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations et de détentions arbitraires, de disparitions forcées » ont été documentées depuis avril 2025, souvent imputables à l’armée malienne et à ses alliés russes de l’Africa Corps, une organisation paramilitaire qui a succédé au groupe Wagner. La société civile, les journalistes et même des militaires suspectés de dissidence sont désormais des cibles.

Le communiqué de Volker Türk est clair : ces mesures « ferment la porte à toute élection démocratique au Mali dans un avenir proche ou prévisible ». Pourtant, les autorités maliennes répondent par des promesses creuses de « collaboration » avec l’ONU, tout en poursuivant leur répression. En août 2025, plus de 50 officiers supérieurs ont été arrêtés sous prétexte de « tentative de déstabilisation », sans preuve tangible. Des citoyens, des défenseurs des droits humains et même un ressortissant français ont été emprisonnés pour avoir osé critiquer le régime. Pendant ce temps, l’Africa Corps, forte de 2 000 hommes, continue d’opérer dans l’ombre, accusée de graves exactions contre les civils, sans aucune reddition des comptes.

L’ONU et les ONG internationales, comme Human Rights Watch, dénoncent une « dérive autoritaire » et une « violation flagrante des droits fondamentaux ». Mais leurs appels restent lettres mortes. La CEDEAO, l’Union africaine et même les anciennes puissances coloniales, comme la France, se contentent de déclarations de principe, sans sanction concrète. Pire, la Russie, principale alliée de la junte, utilise sa présence militaire pour assoir son influence, au mépris des vies maliennes.

Depuis 2021, des journalistes, des militants et des opposants sont enlevés, détenus sans procès, voire disparus. En mai 2025, la dissolution des partis politiques a été qualifiée d’« anticonstitutionnelle » par des juristes maliens, mais aucune pression internationale n’a forcé la junte à reculer. L’Africa Corps, présentée comme une force de « lutte contre le terrorisme », est en réalité un outil de répression. Les exactions commises par ses membres exécutions sommaires, pillages, frappes aveugles sont documentées, mais Moscou nie toute responsabilité. Les résolutions de l’ONU, les rapports d’Amnesty International ou de la FIDH s’accumulent, mais les sanctions économiques ou diplomatiques brillent par leur absence. La communauté internationale semble préférer la stabilité apparente à la défense des principes démocratiques.

Le Mali n’est pas un cas isolé. En Guinée, au Burkina Faso ou au Niger, les juntes militaires reproduisent le même schéma : suspension des partis, répression des manifestations, prolongations indéfinies de transition. Partout, les promesses de retour à l’ordre civil sont reportées, tandis que les populations subissent la violence des régimes et des groupes armés. La passivité des organisations régionales et des grandes puissances ne fait qu’encourager ces dérives.

La situation au Mali est un test pour la crédibilité de la communauté internationale. Si les déclarations de l’ONU restent sans effet, c’est toute l’architecture des droits humains qui est menacée. Il faut passer des mots aux actes : sanctions ciblées contre les dirigeants de la junte, gel des avoirs, exclusion des forums internationaux. Sans pression réelle, le Mali continuera de sombrer dans l’autoritarisme, et d’autres pays suivront.

L’ONU a sonné l’alarme. Mais pour que le Mali entende, il faut que le monde agisse. Sinon, les Maliens paieront le prix de notre indifférence.

Quelles sanctions concrètes pourraient faire plier la junte malienne ? Et pourquoi la Russie bénéficie-t-elle d’une telle impunité en Afrique ?

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Moussa Diallo.
Mis en ligne : 10/09/2025

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