Face sombre de l’empire Dangote : Liberté syndicale en péril - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 12/09/2025 01:09:00

Face sombre de l’empire Dangote : Liberté syndicale en péril

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Depuis le lundi 8 septembre 2025, une grève nationale secoue le secteur pétrolier nigérian. Les membres du syndicat NUPENG (Nigeria Union of Petroleum and Natural Gas Workers) ont cessé la distribution d’essence pour protester contre ce qu’ils jugent être des pratiques anti-syndicales de la raffinerie Dangote. Cette mobilisation a rapidement reçu le soutien de plusieurs organisations internationales, soulignant les tensions croissantes entre le groupe Dangote et les travailleurs du secteur pétrolier.

La raffinerie Dangote, inaugurée en mai 2023, est la plus grande du continent africain, avec une capacité de traitement de 650 000 barils de pétrole brut par jour. Elle représente un investissement colossal et est perçue comme un pilier de l’indépendance énergétique du Nigéria. Cependant, derrière cette image de modernité se cachent des pratiques qui suscitent l’indignation.

Le groupe Dangote a déployé une flotte de plusieurs milliers de camions fonctionnant au gaz naturel comprimé pour assurer la distribution directe de carburant. Selon le syndicat, ces chauffeurs seraient contraints de signer des engagements les empêchant d’adhérer à un syndicat. De plus, des clauses menaçant les travailleurs en cas de grève auraient été intégrées dans les contrats, renforçant l’impression d’une répression syndicale systématique.

Cette situation soulève des questions essentielles. D’abord, la liberté syndicale est un droit fondamental, inscrit dans la Constitution nigériane et dans les conventions internationales du travail. En imposant des conditions d’emploi excluant l’adhésion à un syndicat, le groupe Dangote viole ces principes fondamentaux.

Ensuite, la stratégie de l’entreprise semble viser à éliminer la concurrence. En contrôlant directement la distribution de carburant, le groupe marginalise les distributeurs indépendants et renforce sa position dominante sur le marché, ce qui soulève des craintes de concentration excessive et de monopole.

Le modèle économique de Dangote repose sur une logique de rentabilité à tout prix, au détriment des droits des travailleurs et de la concurrence loyale. Cette approche rappelle les pratiques de certaines multinationales, souvent critiquées pour l’exploitation des travailleurs et la suppression des syndicats.

Cette situation révèle également une profonde hypocrisie : un groupe qui se présente comme un acteur du développement économique impose des conditions de travail inéquitables et bafoue les droits fondamentaux des travailleurs. La contradiction est d’autant plus flagrante que le Nigéria, malgré sa position de premier producteur de pétrole en Afrique, peine encore à assurer un approvisionnement régulier en carburant à sa population.

Les exemples de multinationales accusées de pratiques anti-syndicales ne manquent pas. En Europe, des groupes comme XPO Logistics ou Amazon ont été épinglés pour leur refus de négocier avec les syndicats et leur recours systématique à la précarisation. En Afrique, des entreprises chinoises ou occidentales opérant dans les mines, le textile ou les télécoms font face à des accusations similaires. Partout, le schéma est le même : des contrats précaires, une répression des mouvements sociaux, et une complicité souvent passive des États

Face à ces dérives, il est impératif de prendre position. Le groupe Dangote doit cesser immédiatement ses pratiques anti-syndicales et respecter les droits des travailleurs. Le gouvernement nigérian a la responsabilité de faire respecter la loi et de protéger les droits des citoyens, y compris ceux des travailleurs du secteur pétrolier.

Il faut que le Nigéria mette fin à cette dérive capitaliste et assure à ses travailleurs des conditions de travail dignes et respectueuses de leurs droits. La lutte du NUPENG est celle de tous les travailleurs, et leur victoire serait un signal fort en faveur de la justice sociale et de la démocratie sur le continent africain.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Khadim Ba.
Mis en ligne : 12/09/2025

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