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Le Ghana a récemment annoncé qu’il acceptait d’accueillir des ressortissants ouest-africains expulsés des États-Unis, une décision présentée comme un geste de solidarité régionale. Pourtant, derrière cette façade d’altruisme, plusieurs éléments laissent penser que cette initiative relève davantage d’un calcul politique que d’une véritable volonté humanitaire. En acceptant ces migrants, le Ghana s’engage dans une dynamique risquée, où les intérêts nationaux semblent sacrifiés au profit d’une relation ambiguë avec Washington.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, la politique américaine en matière d’immigration s’est durcie, multipliant les expulsions vers des pays tiers, souvent sous la contrainte. Le Ghana, à l’instar de certains autres pays africains, a accepté de recevoir ces migrants ouest-africains, même lorsque ces derniers n’ont aucun lien avec le pays d’accueil.
Cette pratique soulève des questions éthiques majeures : comment justifier l’envoi de personnes vers des pays qui ne sont pas les leurs, sans garantie pour leur sécurité ou leur intégration ? En acceptant ces conditions, le Ghana assume seul les conséquences humaines et sociales de ces arrivées.
Le président ghanéen a justifié cette décision par la libre circulation au sein de la CEDEAO, arguant que les ressortissants ouest-africains n’ont pas besoin de visa pour entrer au Ghana. Mais cette explication masque une réalité plus troublante : le pays a été sollicité par Washington dans un contexte de tensions commerciales croissantes. Des mesures américaines récentes pèsent lourdement sur l’économie locale, et l’accord sur les migrants expulsés pourrait bien servir de contrepartie implicite pour éviter des sanctions ou obtenir des faveurs économiques.
De plus, cette décision a été prise sans consultation ni du Parlement ni de la société civile. Aucune étude d’impact n’a été rendue publique, aucun débat national n’a eu lieu. Pourtant, le Ghana fait déjà face à des défis migratoires internes importants, avec des tensions croissantes liées à la présence de certains migrants perçus comme une source de concurrence économique et de criminalité. Accueillir des expulsés sans préparation risque d’aggraver ces tensions, sans apporter de solution durable pour les personnes concernées.
Le Ghana peine déjà à gérer ses propres flux migratoires et à offrir des conditions décentes à ses citoyens. Comment pourrait-il alors assurer un accueil digne à des migrants expulsés, souvent vulnérables et sans ressources ? La réponse est simple : il ne le peut pas. En acceptant cet accord, le gouvernement semble privilégier des intérêts à court terme, apaiser Washington, éviter des représailles économiques, au détriment de la stabilité sociale et de la dignité humaine. Dans ce contexte, le choix du Ghana, contrairement à celui d’autres pays voisins qui ont refusé, soulève des doutes sur l’indépendance de sa politique étrangère.
Cette décision envoie un signal alarmant aux autres pays africains : sous pression, même les nations stables peuvent accepter de devenir des « décharges » pour les problèmes migratoires des puissances occidentales. Elle affaiblit aussi la crédibilité du Ghana en matière de droits humains et de gouvernance démocratique. En agissant ainsi, le pays s’éloigne des principes de solidarité africaine et de respect des droits fondamentaux, au profit d’une logique de soumission aux intérêts étrangers.
I faut que le Ghana et les autres pays africains résistent à ces pressions. L’Afrique ne doit pas servir de variable d’ajustement pour les politiques migratoires des puissances étrangères. Les dirigeants africains doivent exiger des garanties concrètes : soutien financier et technique pour l’accueil des migrants, mécanismes de suivi transparents et respect des droits des personnes expulsées. Sans cela, ces accords ne feront qu’aggraver les inégalités et les injustices, tout en affaiblissant la souveraineté du continent.
La décision du Ghana n’est ni altruiste ni responsable. Elle reflète une stratégie de court terme, où les intérêts politiques priment sur l’éthique et la justice. Il faut revoir cette position et placer la dignité humaine au cœur des politiques migratoires, plutôt que de céder aux diktats extérieurs. L’Afrique mérite mieux que d’être un simple exécutant des décisions prises ailleurs.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Demba Sall.
Mis en ligne : 15/09/2025
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