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Un article récent a pointé du doigt le déclin supposé de Sadio Mané, star historique des Lions de la Téranga, après deux matchs jugés discrets contre le Soudan et la République démocratique du Congo. Les critiques pleuvent : on lui reproche son manque d’influence, son absence dans les phases décisives, et certains n’hésitent pas à remettre en cause sa place de titulaire, voire à exiger son retrait de l’équipe nationale.
Pourtant, cette précipitation à juger un joueur qui a tout donné pour son pays révèle une mémoire bien courte et une culture du mépris envers ceux qui ont écrit les plus belles pages du football sénégalais.
Sadio Mané n’est pas un joueur comme les autres. Avec 45 buts en 114 sélections, il est le meilleur buteur de l’histoire du Sénégal et le deuxième joueur le plus capé. Il a porté son pays vers des sommets inédits : victoire en Coupe d’Afrique des Nations 2021, qualification historique pour la Coupe du Monde, et des performances individuelles saluées dans les plus grands clubs européens. En 2021, c’est lui qui a marqué le penalty décisif en finale de la CAN, offrant au Sénégal son premier titre continental. Un exploit qui a fait de lui une légende, bien au-delà des frontières du pays.
Mais aujourd’hui, après deux matchs en demi-teinte, une partie des supporters et des médias semble avoir oublié cet héritage. Les réseaux sociaux s’embrasent, les « experts » du dimanche sortent leurs calculatrices pour évaluer son apport, et certains osent même comparer son impact actuel à celui de jeunes talents comme Iliman Ndiaye ou Cheikh Tidiane Sabaly. Comme si une décennie de dévouement pouvait s’effacer en 180 minutes.
Il est frappant de constater à quel point l’opinion publique est versatile. Quand Mané marquait, on le portait aux nues, on célébrait son leadership, son engagement, sa capacité à sortir l’équipe des situations les plus difficiles. Mais dès qu’il traverse une passe moins brillante, les mêmes voix qui le chantaient hier le crucifient aujourd’hui. « Sadio Mané ne doit plus être titulaire », « il freine le jeu », « il est temps de tourner la page » : les formules sont brutales, comme si le football était une science exacte où seul le présent compte.
Pourtant, où étaient ces « experts » quand Mané traînait seul l’équipe pendant des années ? Où étaient-ils quand il construisait des hôpitaux et des écoles au Sénégal, investissant des milliards de francs CFA pour améliorer les conditions de vie de ses compatriotes ? Où étaient-ils quand il s’engageait comme bénévole dans des centres humanitaires, ou quand il dépensait des sommes considérables à chaque retour en sélection pour honorer son pays ?
Cette ingratitude n’est malheureusement pas un cas isolé. Didier Drogba et Samuel Eto’o, deux autres monstres sacrés du football africain, ont eux aussi été critiqués en fin de carrière. On leur reprochait, comme à Mané aujourd’hui, de ne plus être au niveau, d’occuper une place qui reviendrait à des jeunes. Pourtant, l’histoire a retenu leur grandeur, pas leurs derniers matchs mitigés. Drogba est resté un symbole de la Côte d’Ivoire ; Eto’o, malgré les doutes, a marqué l’histoire du Cameroun. Leur statut de légende n’a jamais été remis en cause par ceux qui comprenaient que le football est aussi une question de respect et de reconnaissance.
Mané mérite la même considération. Son déclin supposé, s’il est avéré, ne doit pas effacer ce qu’il a accompli. Le football est un sport collectif, mais aussi un sport d’hommes, où la loyauté et la gratitude devraient primer sur l’opportunisme.
Plutôt que de salir l’image d’un joueur qui a tout sacrifié pour le Sénégal, il serait plus constructif de préparer sereinement la transition, sans le sacrifier sur l’autel de l’immédiateté. Mané a gagné le droit à l’erreur, et surtout, le droit au respect. Son rôle dans l’équipe peut évoluer, mais son statut de légende est intouchable.
À ceux qui l’ont déjà enterré, rappelons cette évidence : sans Sadio Mané, le football sénégalais ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Et ça, aucun jeune talent, aussi prometteur soit-il, ne pourra jamais l’effacer.
Les critiques actuelles contre Sadio Mané sont le symptôme d’une société qui oublie vite et qui manque cruellement de gratitude. Plutôt que de le jeter comme une vieille chaussure, célébrons-le. Car une légende ne se juge pas sur deux matchs, mais sur une carrière entière. Et la sienne, elle, est déjà gravée dans l’histoire.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Babacar D.
Mis en ligne : 16/09/2025
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