Le Niger, otage de la Russie : Et si l’isolement tuait plus que les jihadistes ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 17/09/2025 01:09:00

Le Niger, otage de la Russie : Et si l’isolement tuait plus que les jihadistes ?

Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »

Ce 10 septembre 2025, 27 soldats nigériens tombaient sous les balles de l’État islamique dans la région de Tillabéri. Un nouveau massacre, une nouvelle preuve de l’échec cuisant de la junte du général Abdourahamane Tiani, arrivée au pouvoir en juillet 2023 avec la promesse de rétablir la sécurité. Pourtant, depuis deux ans, le Niger s’enfonce dans le chaos, isolé sur la scène internationale après avoir tourné le dos à ses alliés traditionnels pour se jeter dans les bras de la Russie et de ses mercenaires.

Résultat : un pays affaibli, une armée désorganisée, et des populations livrées à la terreur des groupes jihadistes. La stratégie de la junte est un désastre. Et si l’isolement du Niger était la cause principale de sa déroute ?

En juillet 2023, le général Tiani renverse le président Mohamed Bazoum, dernier rempart démocratique du Sahel. Aussitôt, la CEDEAO impose des sanctions économiques drastiques : fermeture des frontières, gel des transactions financières, coupure de l’électricité en provenance du Nigeria. L’UE suspend son aide, la France retire ses troupes, et les États-Unis réduisent leur coopération militaire. Le Niger, autrefois pôle de stabilité, devient un État paria, dépendant de Moscou et de ses supplétifs de Wagner (devenu Africa Corps) pour assurer sa survie.

Mais à quel prix ? Les mercenaires russes, payés à prix d’or, se révèlent aussi inefficaces que brutaux. Au Mali, leur présence depuis 2021 n’a fait qu’aggraver la violence, avec des exécutions massives de civils et des défaites humiliantes face aux jihadistes. Au Burkina Faso, la situation est tout aussi catastrophique : plus de 1,5 million de déplacés, une insécurité grandissante, et une armée incapable de tenir le terrain. Le Niger, en s’alignant sur ce modèle, a-t-il vraiment cru pouvoir échapper à la même spirale ?

La junte de Tiani mise tout sur la Russie. En juillet 2025, Niamey ouvre grand les portes de son sous-sol à Moscou, signant des accords sur l’uranium et le nucléaire civil, tandis que les délégations russes se succèdent pour promettre monts et merveilles. Pourtant, les faits sont têtus : Wagner (puis Africa Corps) n’a jamais réussi à enrayer la progression des groupes armés. Pire, ses méthodes massacres de civils, exactions, corruption alimentent le recrutement jihadiste et discréditent un peu plus les régimes militaires.

Les sanctions de la CEDEAO, levées en février 2024 pour des raisons humanitaires, ont laissé des traces. L’économie nigérienne, privée de ses principaux partenaires, vacille. Le budget de l’État a été amputé de 40 %, les prix flambent, et les populations souffrent. Pendant ce temps, la junte gaspille des ressources précieuses dans des partenariats douteux, tandis que l’État islamique et Boko Haram étendent leur emprise. Tillabéri, zone stratégique à la frontière du Mali et du Burkina Faso, est devenue un piège mortel pour l’armée nigérienne, incapable de protéger ses propres soldats, encore moins les civils.

Et que dire de l’Alliance des États du Sahel, créée en 2024 avec le Mali et le Burkina Faso ? Une coquille vide. Ces trois pays, dirigés par des juntes aussi incompétentes qu’autoritaires, cumulent les échecs militaires et les violations des droits humains. Leur « force commune » de 5 000 soldats, annoncée en grande pompe, n’a toujours pas vu le jour. Pendant ce temps, les attaques se multiplient, les soldats refusent de combattre, et les populations fuient.

La Russie ne cherche pas à stabiliser le Sahel, mais à piller ses ressources et à affaiblir l’influence occidentale. Les mercenaires russes, payés des millions de dollars, ne font qu’aggraver l’instabilité et discréditer les régimes qui les emploient.

Les sanctions de la CEDEAO ont asphyxié l’économie nigérienne, réduisant les moyens de l’État et de l’armée. La junte a-t-elle un plan B, ou compte-t-elle sur la charité de Poutine ?

Mali, Burkina Faso, Niger… même scénario, même échec. Les coups d’État n’ont pas ramené la sécurité, mais plongé la région dans un chaos sans précédent. Le Sahel est désormais l’épicentre mondial du terrorisme, avec 40 % des attaques jihadistes recensées en 2024.

Human Rights Watch tire la sonnette d’alarme : la multiplication des attaques à Tillabéri est le symptôme d’un État en déliquescence, incapable de protéger ses citoyens. Pourtant, la junte préfère jouer les matamores, accusant l’Occident de tous les maux, plutôt que d’assumer ses responsabilités.

Le Niger est aujourd’hui un État affaibli, isolé, et en proie à la violence. La junte de Tiani, en rompant avec ses alliés traditionnels et en misant sur des partenariats toxiques, a scié la branche sur laquelle elle était assise. Les 27 soldats tués à Tillabéri ne sont que les dernières victimes d’une stratégie désastreuse, qui sacrifie le peuple nigérien sur l’autel de l’orgueil et de l’incompétence.

La question n’est plus de savoir si le Niger peut s’en sortir, mais à quel prix. Combien de morts faudra-t-il encore pour que la junte comprenne que la sécurité ne se décrète pas, mais se construit avec des alliés fiables, une armée professionnelle, et une gouvernance digne de ce nom ? En attendant, le pays s’enfonce, et les Nigériens paient le prix fort.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Camara Lass.
Mis en ligne : 17/09/2025

La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.


Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Réagir à cet article

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

0 commentaires

Copyright © 2023 www.notrecontinent.com

To Top