Routes bloquées, économie étouffée : Le Mali s'enfonce - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 18/09/2025 01:09:00

Routes bloquées, économie étouffée : Le Mali s'enfonce

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Les 13 et 14 septembre 2025, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GNIM) a multiplié les attaques dans l’ouest et le centre du Mali, brûlant des dizaines de camions et ciblant des positions militaires. Ces violences ne sont pas seulement des actes de terreur : elles s’inscrivent dans une stratégie délibérée d’asphyxie économique, visant à paralyser les flux commerciaux et à aggraver la pauvreté des populations.

Derrière les flammes des camions-citernes et les barrages improvisés se cache une réalité cruelle : le Mali est en train d’être étranglé économiquement, et les conséquences pour les Maliens sont désastreuses.

Le Mali, enclavé et dépendant des routes pour son approvisionnement, voit ses principaux axes commerciaux, notamment la route Dakar-Bamako, vitale pour 70 % de ses importations, systématiquement ciblés par les jihadistes. Depuis le début du mois de septembre, le GNIM a instauré un blocus dans les régions de Kayes et Nioro, coupant l’accès aux produits de première nécessité et au carburant. Ces attaques ne visent plus seulement l’armée, mais bien l’économie tout entière, avec pour objectif de paralyser les flux commerciaux et d’imposer un contrôle économique parallèle. Les camions n’osent plus circuler, les transporteurs sénégalais suspendent leurs activités, et les prix flambent.

Les conséquences sont immédiates et brutales. Le carburant, essentiel aux ménages et aux entreprises, devient rare et cher. Les denrées alimentaires suivent la même trajectoire, alourdissant le budget des familles déjà précaires. À Kayes, les habitants subissent de plein fouet cette asphyxie, avec des prix qui s’envolent et des étagères qui se vident.

Les investisseurs fuient un pays où les routes sont devenues des zones de guerre. Le Mali, pourtant riche en ressources comme l’or, le lithium et le coton, peine à attirer les capitaux étrangers en raison de l’insécurité chronique. La situation politique pèse lourdement sur les perspectives économiques, décourageant les partenaires commerciaux et les bailleurs de fonds.

Sans la route de Kayes, le Mali se retrouve isolé et vulnérable. Le Sénégal, premier partenaire commercial du Mali, voit ses exportations vers le pays menacées, ce qui aggrave la crise régionale.

Le GNIM ne se contente pas de détruire : il organise méthodiquement la misère. En ciblant les camions-citernes, il prive les Maliens d’énergie, en bloquant les axes routiers, il étouffe le commerce, et en semant la peur, il pousse les acteurs économiques vers des réseaux informels, souvent sous son contrôle. Résultat : l’État perd des recettes fiscales, les entreprises ferment, et les ménages s’appauvrissent. Les attaques récentes montrent que la situation empire, malgré les alertes répétées sur les risques que représente l’insécurité pour la croissance.

Cette stratégie rappelle celle employée par Boko Haram au Nigeria ou par les talibans en Afghanistan : affaiblir l’État en s’attaquant à ses ressources et à sa légitimité. Dans les deux cas, l’économie locale s’est effondrée, plongeant des millions de personnes dans la précarité. Au Mali, le scénario est identique, mais avec une particularité : le pays, déjà fragilisé par des coups d’État et des sanctions régionales, n’a plus les moyens de résister.

Le Mali ne peut plus se permettre de subir cette guerre économique. Les autorités doivent agir rapidement pour sécuriser les routes, protéger les convois, et rétablir la confiance des investisseurs. Sans une réponse forte et coordonnée, impliquant l’armée, les pays voisins et la communauté internationale, le pays risque de sombrer dans un chaos durable, où la pauvreté nourrira le recrutement jihadiste.

Il est temps de cesser de minimiser la menace. Le GNIM ne veut pas seulement du territoire : il veut l’effondrement du Mali. Laisser faire, c’est condamner des millions de Maliens à la misère. L’heure n’est plus aux communiqués rassurants, mais à l’action. Sinon, qui relèvera le Mali demain ?

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Tabara M.
Mis en ligne : 18/09/2025

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