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Mercredi, lors du concert « Together for Palestine » à Londres, Éric Cantona, ancien footballeur de renommée internationale, a demandé une suspension d’Israël des grandes compétitions de football. Selon lui, un double standard existerait entre la politique de la FIFA/UEFA vis-à-vis de la Russie après son invasion de l’Ukraine, et celle, selon lui plus conciliante, à l’égard d’Israël, malgré des accusations graves formulées par certaines organisations. Cantona appelle également les clubs et joueurs à refuser toute rencontre avec des équipes israéliennes.
Suspendre Israël des compétitions de football serait une mesure inappropriée. Ni la FIFA ni l’UEFA, ni aucune autre instance sportive, n’ont la légitimité ni les capacités pour trancher de tels conflits. Une telle suspension serait non seulement problématique, mais également nuisible.
Le sport, et plus particulièrement le football, joue un rôle public fort. Il est à la fois vecteur d’émotions, d’identité culturelle, de visibilité internationale et de soft power, comme l’a souligné Cantona. Dans le passé, certains États ont été suspendus du sport international pour des violations graves, mais chaque cas a donné lieu à de vifs débats sur la légitimité, l’efficacité et les conséquences de ces sanctions. Dans ce contexte, l’idée de suspendre Israël soulève des questions sérieuses sur le plan du droit, de l’équité, de la cohérence et des implications pour le sport comme pour la diplomatie.
Les instances comme la FIFA ou l’UEFA ont pour mission d’organiser et de réguler le sport : calendriers, règles, arbitrage, fair-play, lutte contre le dopage. Leur mandat ne leur confère pas de compétence pour juger des conflits géopolitiques complexes ni pour statuer sur des accusations aussi graves que celles de crimes de guerre ou de génocide. Ce rôle revient aux tribunaux internationaux et aux institutions spécialisées. Toute sanction politique doit reposer sur des procédures légales claires, ce qui n’est pas le cas ici.
Lorsque la Russie a été suspendue, la décision s’appuyait sur des violations reconnues du droit international et sur un consensus international minimal. Pourtant, même dans ce cas, les sanctions ont été vivement critiquées pour leurs effets secondaires sur les athlètes, les clubs et les supporters. Appliquer le même schéma à Israël sans procédure comparable ou sans consensus clair poserait des problèmes de légitimité et de cohérence.
Si une suspension pour raison politique est acceptée, cela ouvre la porte à d’innombrables demandes visant d’autres États ou régions accusés de violations ou impliqués dans des conflits. Le sport international risquerait alors de devenir un champ de bataille diplomatique permanent, perdant son universalité et sa fonction de lien entre les peuples.
De telles sanctions pénaliseraient en premier lieu des athlètes innocents, souvent sans influence sur la politique de leur pays. Elles perturberaient les clubs, les fédérations et les compétitions, provoqueraient des déceptions chez les supporters et tendraient les relations sportives internationales. Elles risqueraient également de transformer le sport en une arme politique au lieu de maintenir son rôle de vecteur de rassemblement.
Les instances sportives doivent rester des espaces d’universalité et de fraternité, pas des arbitres de conflits internationaux. L’absence d’une décision judiciaire internationale rend toute sanction prématurée et contraire aux principes de justice. Les comparaisons avec la Russie ne sont pas nécessairement pertinentes, car les contextes diffèrent profondément. Enfin, les suspensions politiques fragilisent l’idée même de sport comme langage universel et encouragent sa politisation excessive.
On peut rappeler que la suspension de la Russie a été entourée de débats sur la proportionnalité et les effets collatéraux, notamment pour les athlètes. Les boycotts des Jeux olympiques, que ce soit contre l’apartheid sud-africain ou lors de la Guerre froide, ont certes marqué l’histoire, mais ils ont aussi laissé des divisions profondes et des conséquences inattendues. Quant au phénomène de « sportwashing », il illustre bien comment certains États utilisent le sport pour améliorer leur image, mais la réponse à ce problème passe davantage par la transparence, la responsabilité sociale et les choix des acteurs individuels que par des sanctions collectives radicales.
Suspendre Israël des grandes compétitions de football n’est pas une mesure justifiée. Les instances sportives ne sont pas compétentes pour trancher des conflits géopolitiques, les procédures nécessaires n’existent pas et les comparaisons avec la Russie ne suffisent pas à justifier un tel traitement. Les risques pour le sport et pour la justice sont trop nombreux. Plutôt que de sanctionner, il faut encourager la transparence, la responsabilisation et préserver le sport comme un espace de dialogue. La demande de suspension est une erreur : elle doit être rejetée.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Saliou Mbaye.
Mis en ligne : 22/09/2025
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