Un trophée façonné par les médias : Le Ballon d’Or trahit le football - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Sport | Par Eva | Publié le 26/09/2025 02:09:15

Un trophée façonné par les médias : Le Ballon d’Or trahit le football

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L’attribution du Ballon d’Or 2025 à Ousmane Dembélé, devant Raphinha, a relancé le débat sur la crédibilité de ce trophée. Si le Français a réalisé une saison remarquable, la réaction de Neymar, « Raphinha cinquième, c’est vraiment n’importe quoi », résume une frustration grandissante : le Ballon d’Or semble de plus en plus récompenser la notoriété et l’appartenance à un club médiatique plutôt que la performance pure.

À travers l’exemple de Raphinha, dont les statistiques et l’impact sur le terrain dépassent ceux de plusieurs joueurs mieux classés, il est légitime de s’interroger : le Ballon d’Or est-il encore un gage de mérite sportif, ou simplement le reflet d’un football devenu spectacle et business ?

Créé en 1956, le Ballon d’Or était censé couronner le meilleur joueur de l’année sur des critères sportifs. Pourtant, depuis des décennies, les critiques se multiplient : biais en faveur des joueurs européens, surreprésentation des attaquants, influence des clubs prestigieux et votes parfois incompréhensibles de la part des journalistes. En 2025, le podium (Dembélé, Yamal, Vitinha) est composé exclusivement de joueurs évoluant au PSG ou au Barça, deux clubs parmi les plus exposés médiatiquement. Raphinha, auteur d’une saison historique (32 buts et 25 passes décisives en 57 matchs, meilleur buteur de la Ligue des champions avec 13 réalisations), se retrouve relégué à la cinquième place, derrière des joueurs moins décisifs mais plus « bankables ».

Cette tendance n’est pas nouvelle. En 2024, Vinicius Junior, artisan du titre du Real Madrid en Ligue des champions, avait été devancé par Rodri. En 2023, Lionel Messi, malgré une saison moyenne en club, avait été sacré après sa victoire en Coupe du monde. Le Ballon d’Or semble ainsi de plus en plus dépendant de l’image, des titres collectifs et de l’appartenance à un club médiatique, plutôt que des performances individuelles objectives.

Raphinha a porté le FC Barcelone toute la saison : 32 buts, 25 passes décisives, un triplé national (Liga, Coupe du Roi, Supercoupe d’Espagne) et le titre de meilleur buteur de la Ligue des champions. Pourtant, il est devancé par Ousmane Dembélé (33 buts, 15 passes en 49 matchs), Lamine Yamal (18 buts, 25 passes) et même Mohamed Salah (22 buts, 12 passes). Comment expliquer un tel classement ? Le PSG, champion d’Europe, a placé trois joueurs dans le top 6, tandis que le Barça, malgré son triplé national, n’a que deux représentants (Yamal et Raphinha), et ce dernier est pénalisé par un manque de « starification » médiatique.

Contrairement à Dembélé, dont chaque but est scruté, Raphinha, bien que décisif, ne bénéficie pas de la même exposition. Lamine Yamal, 17 ans, incarne le « prodige » vendeur de rêves, tandis que Dembélé a profité de la machine médiatique du PSG et de son statut de leader de l’équipe de France. Raphinha, 28 ans, n’a pas ce capital sympathie.

Cette situation n’est pas limitée au football. En NBA, le MVP est attribué sur des statistiques précises et une évaluation collective. En athlétisme, les records et les titres suffisent. Le football, lui, semble prisonnier d’une logique où l’image prime sur les chiffres. Les statistiques ne mentent pas : Raphinha a marqué plus et délivré autant de passes que Dembélé, avec un impact décisif dans les grands matchs. Pourtant, il est classé derrière des joueurs moins performants mais plus médiatisés.

Des stars comme Haaland ou Mbappé sont systématiquement favorisées, même lors de saisons moyennes, preuve que la notoriété compte autant que les performances. Depuis 2010, 80 % des Ballons d’Or sont allés à des joueurs de Real Madrid, Barça ou Bayern, illustrant que les clubs riches dominent les classements et bénéficient d’une visibilité démesurée. Les votes sont parfois incompréhensibles et influencés par des préférences nationales ou médiatiques, ce qui laisse peu de place aux joueurs moins exposés mais extrêmeme

Le Ballon d’Or est devenu un outil de soft power pour les clubs et les fédérations, bien plus qu’une récompense sportive. Alors que d’autres disciplines, comme le basketball ou le tennis, s’appuient sur des critères transparents et objectifs, le football reste prisonnier d’un système où les journalistes, influencés par les médias et les clubs, ont un pouvoir démesuré. Résultat : des joueurs comme Raphinha, malgré des saisons exceptionnelles, sont systématiquement lésés.

Le Ballon d’Or a perdu une partie de sa légitimité. Tant que les critères resteront flous et que les votants seront influencés par des logiques médiatiques ou commerciales, le trophée continuera de récompenser les « stars » plutôt que les performeurs. Raphinha, comme Vinicius Junior avant lui, paie le prix d’un système qui favorise l’exposition à la performance.

Pour redonner du sens à cette récompense, il faudrait rendre les critères plus objectifs, élargir le collège des votants et limiter l’influence des clubs en diversifiant les représentants dans le top 10. En l’état, le Ballon d’Or n’est plus le graal du football, mais un symbole de ses dérives : un sport où l’argent, l’image et le marketing ont pris le pas sur le talent pur. Raphinha, lui, peut se consoler en regardant ses statistiques, elles, au moins, ne mentent pas.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Thierno Fall.
Mis en ligne : 26/09/2025

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