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L’annonce récente de l’annulation par le président Diomaye Faye du décret approuvant l’avenant à la convention de concession d’Expresso Sénégal, signé en catimini par l’ancien chef de l’État Macky Sall, a suscité de vives réactions. Le quotidien Libération révèle que ce décret, daté du 20 mars 2024 soit quatre jours avant l’élection présidentielle, aurait été adopté sans la consultation préalable de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP), pourtant chargée d’étudier et d’instruire de tels dossiers. Si la transparence et la légalité des procédures doivent toujours être garanties, il est légitime de s’interroger : cette décision ne risque-t-elle pas de nuire à une entreprise qui crée de l’emploi, paie des impôts, et contribue au développement économique du Sénégal ?
Expresso Sénégal, opérateur de téléphonie mobile, est un acteur clé du secteur des télécommunications au Sénégal. L’entreprise, qui emploie des centaines de Sénégalais et participe activement à la fiscalité nationale, a longtemps lutté pour se positionner face à des concurrents mieux établis comme Sonatel ou Free. La signature de cet avenant visait notamment à moderniser et sécuriser son cadre d’exploitation, lui permettant de déployer de nouveaux services, dont la 4G, et de renforcer sa compétitivité. Dans un pays où le numérique est un levier essentiel de croissance et d’inclusion, chaque investissement dans les infrastructures télécoms devrait être encouragé, à condition qu’il respecte les règles de bonne gouvernance.
Pourtant, au lieu de s’intéresser à l’opportunité économique et sociale que représente le maintien d’un opérateur dynamique, le débat s’est focalisé sur la signature du décret et son auteur. Cette approche, bien que compréhensible dans un contexte de transition politique, risque de décourager les investisseurs et de fragiliser un secteur déjà concurrentiel. L’ARTP, dont le rôle est central dans la régulation du secteur, aurait dû être consultée, mais son exclusion ne justifie pas pour autant une annulation pure et simple, surtout quand elle menace la stabilité d’une entreprise et, par ricochet, l’emploi et les recettes fiscales.
L’annulation du décret envoie un signal ambigu aux acteurs économiques : celui d’une instabilité réglementaire où les décisions peuvent être remises en cause selon les alternances politiques. Si l’on comprend la volonté de rompre avec les pratiques opaques du passé, il est tout aussi crucial de préserver la continuité des activités économiques. En France, par exemple, les contrats publics sont rarement annulés pour des raisons de forme quand leur contenu sert l’intérêt général. Ici, l’enjeu dépasse la personne de Macky Sall : il s’agit de la crédibilité de l’État sénégalais vis-à-vis des investisseurs nationaux et internationaux.
De plus, cette affaire intervient dans un contexte où le gouvernement de Diomaye Faye et Ousmane Sonko a fait de la relance économique et de la création d’emplois une priorité absolue. Comment concilier cette ambition avec des décisions qui pourraient affaiblir des entreprises locales et décourager l’investissement privé ? Le secteur des télécommunications, en pleine mutation technologique, a besoin de stabilité pour attirer les capitaux nécessaires à son développement.
L’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) joue un rôle clé dans l’équilibre du secteur. Son exclusion du processus est effectivement problématique et doit être corrigée. Mais plutôt que d’annuler un décret, pourquoi ne pas avoir saisi cette occasion pour renforcer son rôle et sa transparence ? Une solution aurait pu être trouvée en associant l’ARTP à une révision du texte, garantissant ainsi à la fois la légalité et la continuité des activités d’Expresso. Cette approche aurait permis de rassurer les marchés tout en rétablissant la confiance dans les institutions.
Dans d’autres pays africains, comme le Maroc ou la Côte d’Ivoire, les régulateurs des télécoms sont souvent associés en amont aux décisions stratégiques, évitant ainsi les contentieux postérieurs. Ces exemples montrent qu’il est possible de concilier rigueur réglementaire et soutien à l’activité économique. Au Sénégal, une telle collaboration aurait pu éviter une crise inutile et montrer que l’État est capable de gérer les transitions avec pragmatisme.
Si la volonté de transparence et de rupture avec le passé est louable, elle ne doit pas se faire au détriment de l’économie réelle. Expresso Sénégal est une entreprise qui contribue au développement du pays. Plutôt que de casser un décret, il aurait été plus judicieux de le réviser en associant tous les acteurs concernés, notamment l’ARTP. L’enjeu n’est pas de savoir qui a signé, mais comment garantir que les décisions servent l’intérêt général : emploi, innovation, et croissance.
En définitive, cette affaire rappelle que la stabilité juridique et la prévisibilité sont des conditions essentielles pour attirer les investissements et soutenir la création d’emplois. Espérons que les prochaines décisions du gouvernement sauront allier rigueur et pragmatisme, pour que le Sénégal continue de progresser sur la voie du développement économique et social.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ousmane Ngom.
Mis en ligne : 27/09/2025
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